En cours de chargement...
Quittant précipitamment le delta du Nil pour revenir aux affaires à Paris, Bonaparte laisse derrière lui ceux qui avaient adhéré dès 1798 au projet qu'il présentait comme une modernisation de cette province de l'empire ottoman dans l'esprit des Lumières. Désormais indésirables, les « exilés égyptiens » s'embarquent en août 1801 pour la patrie des Droits de l'Homme. Imprégnés par l'islam politique, même si l'on compte surtout parmi eux des chrétiens, les nouveaux venus sont administrateurs, auxiliaires de l'armée, religieux ou commerçants, maîtres ou serviteurs, riches ou démunis.
À Marseille, ils rejoignent des groupes arabophones venus de Syrie ou d'Afrique du Nord. Ils forment bientôt une communauté et même un village dans le quartier de Castellane. Certains intègrent l'armée – les fameux Mamelouks. D'autres montent à Paris dans l'espoir d'y faire carrière. Non sans drames et violences se constitue une « France arabe » – c'est-à-dire marquée par la culture arabe – qui cherche à s'organiser et se penser au fil
de l'Empire, de la Restauration et de la monarchie de Juillet jusqu'à ce que la conquête de l'Algérie redistribue les cartes, loin des promesses universalistes des Lumières.
Se fondant sur un remarquable travail documentaire, riche d'inédits, Ian Coller fait revivre ce choc des cultures,
où incompréhension et fascination s'entremêlent. Voici l'étonnante aventure de personnages hauts en couleurs qui, par-delà les ambiguïtés de l'orientalisme, font vivre à la France une première expérience de la diversité.
Traduit de l'anglais par Frédéric Joly.