En cours de chargement...
Les grands anthropologues (E. Morin, L.-V. Thomas) et historiens (P. Ariès, M. Voyelle) ont montré que la mort — entendons ici : les croyances, les représentations, les attitudes et les conduites qui s'y rattachent — peut être considérée comme un véritable "analyseur" du système social dans lequel elle s'inscrit. Dans cette perspective, il est possible de mieux comprendre le développement des nouvelles pratiques funéraires que l'on observe, en France comme dans d'autres pays, depuis les années 1960 (soins de conservation, séjour en "funérarium", crémation, dispersion des cendres) ainsi que l'émergence de nouvelles demandes sociales : soins palliatifs, accompagnement des mourants, revendication pour une mort "douce", droit de mourir dans la dignité, dons d'organes post mortem, nécessité d'une réflexion éthique, etc.
; bref, tout ce qui permet de dire que le système de gestion sociale de la mort (et donc de la vie) est en train de changer... Une prospective des conduites socialisées liées au mourir et à la mort sera ensuite tentée et amènera à esquisser le "Nouvel Age" qui s'annonce avec, comme modèle dominant : la mort "annulée" ou "cybernétisée". Mais, au carrefour des routes pour demain, à l'aube de la révolution " bio a (dominée par l'informatisation du corps humain et l'"humanisation" de l'ordinateur) que va connaître le siècle prochain, les pistes se brouillent.
Resurgit alors, avec force, l'interrogation lancinante de l'anthropologie et l'on en vient à penser que notre part d'humanité ne pourra peut-être, finalement, subsister que tant qu'il y aura un être capable de se poser la question : qu'est-ce qui me fait Homme ?