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Uno Chiyo mena dans le Tôkyô des années vingt la vie d'une môga - ces "modern girls" éprises de liberté et de plaisirs -, fréquentant artistes et écrivains de renom qui allaient bientôt saluer sa personnalité et son style littéraire inimitables. Ohan, qu'elle mit plus de dix ans à écrire, est considéré comme son chef-d'oeuvre. C'est la confession d'un bon à rien, d'un homme qui a le diable au corps, prisonnier de ses attachements, hors d'état de choisir entre son amour pour sa femme et sa passion pour une geisha.
Un homme au coeur indéchiffrable, qui s'abandonne à ses désirs comme si sa vie n'avait pas plus de consistance qu'un rêve. Et un récit dénué de toute morale, rythmé par les saisons et les signes prémonitoires de la tragédie à venir, où le temps parfois s'arrête pour capturer la beauté d'une femme émergeant de la bruine, la tête et les épaules inondées de pétales de fleurs de cerisier - des femmes douces et volontaires qui, l'espace d'un instant, adoptent la grâce éblouie d'une estampe du monde flottant.
Reçu et lu le jour-même
Petit bouquin pas bien épais (même pas 100 pages) mais alors …
Il parait que "Ohan" est son chef d’œuvre je ne peux le dire puisque je n’ai pas lu d’autres livres de cette auteure mais assurément c’est un très beau livre dans les méandres existentiels d’un homme qui ne sait choisir entre sa femme qu’il a quitté depuis sept ans mais qu’il retrouve et sa geisha qui lui assure gîte et couvert à lui qui ne fait pas grand-chose de ses journées. Oh il a bien une petite échoppe de brocanteur mais l’ardeur au travail n’est pas des plus soutenues, elle suffit « à peine à [lui] procurer [son] argent de poche ».
Ses pensées, ses envies oscillent de l’une à l’autre selon son désir. « Vous savez, quand on se trouve à la croisée des chemins, on finit par être balloté de droite et de gauche, au point de ne plus savoir où l’on est ». Mais, peut-être que la découverte de son fils âgé de sept ans va l’aider à se diriger sur un chemin plus qu’un autre … peut-être …
Derrière les turpitudes de cet homme, il y a, en filigrane, au rythme des saisons et des fêtes, la vie en société de ces femmes et de ces hommes dans une petite ville japonaise où tout se sait même ce que l’on veut cacher.
L’écriture est très agréable avec de beaux passages.
« Et soudain a émergé, du rideau de bruine qui enveloppait l’enceinte du temple plongé dans la pénombre, une silhouette de femme vêtue d’un splendide kimono : sa tête, ses épaules étaient comme inondées de pétales de fleurs de cerisier, et son corps, trempé malgré le grand parapluie en papier huilé qu’elle avait emprunté à la maison de thé ».