Ayant apprécié « N’ouvre pas les yeux » et adoré « 658 », j’étais plus qu’impatiente de dévorer le nouveau livre de John Verdon. Globalement, il s’est montré à la hauteur de mes attentes.
On retrouve les personnages principaux apparus dans les précédents romans, avec un état d’esprit plus sombre, plus marginal dû au dénouement du dernier bouquin. Le récit est bien documenté, les différents points de l’enquête sont bien analysés, et le suspense est bien poussé. D’ailleurs, la surprise a été totale quand j’ai découvert la vraie identité du Bon Berger,
je ne m’y attendais pas du tout ; je me suis mise à soupçonner tout le monde mais celui-là je ne l’avais pas vu venir ! Il faut dire aussi que l’enquête était tellement compliquée, et il y avait tellement peu de pistes que tout le monde pouvait être suspect.
En revanche, le gros point noir à mon goût est que je m’attendais à – j’espérais ! – avoir toutes les réponses à mes questions, ce qui n’est pas le cas.
Quel est le véritable mobile ? Pourquoi les crimes ont commencé à cette période précise ? A quel nombre s’élève les victimes du Bon Berger ? Comment a-t-il sélectionné les victimes secondaires, si l’on suit cette hypothèse ? Quelle est la nature des rapports qu’il entretenait avec Robert Meese ? A quel moment a-t-il réussi à l’embobiner ? Qui a fait quoi (en terme de surveillance, les traceurs sous les voitures, les micros dans la maison, la marche de l’escalier, les gouttes de sang, le couteau, les objets déplacés, la bande son « Ne réveillez pas le diable qui dort » et tout ce qui s’en suit…) ? Robert Meese s’est-il vraiment suicidé, ou alors pourquoi s’est-il fait tuer ? Qui a mis le feu à la grange de Gurney ? Qui a envoyé la flèche tranchante ? A quoi tout cela rime-t-il ? Réponse dans le prochain ouvrage ? En quoi Les Orphelins du Meurtre auraient pu mettre en danger le Bon Berger ? Pour quelle raison vouloir assassiner les familles des victimes ?
Beaucoup de questions restent en suspens, et dans un thriller je n’aime pas ça ! J’estime que quand on crée des mystères (surtout dans une fiction où l’auteur décide de tout et a toutes les cartes en main pour faire la lumière sur la vérité), la moindre des choses est quand même de résoudre les énigmes qu’on a lancées. L’auteur aurait très bien pu introduire ces réponses-là lors du dernier affrontement entre Gurney et le Bon Berger, là où l’inspecteur lui pose toutes les questions qui lui trottent dans la tête : à ce moment-là, le Bon Berger aurait pu éclairer sa lanterne (et la nôtre aussi, surtout !) dans l’hypothèse où il était sur le point de le tuer. Dommage car, de ce fait, je reste un peu sur ma faim.
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Dave Gurney est sollicité par la fille d'une amie journaliste qui envisage de réaliser un documentaire sur les victimes d'un tueur en série, le Bon Berger, qui a sévi 10 ans auparavant. Mais à trop vouloir remuer le passé, le Mal peut se réveiller et frapper à nouveau...
Depuis trois romans, John Verdon s'est fait une spécialité de mélanger le thriller le plus sombre au whodunit le plus diaboliquement malin, pour notre plus grand plaisir.
Un polar impossible à lâcher!