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ls sont morts à quelques semaines d'intervalle : d'abord le père, puis la vieille tante de celui-ci, enfin le grand-père maternel. Mais cette série funèbre semble n'avoir fait qu'un seul disparu : le narrateur, dont le vide occupe le centre du récit. C'est à la périphérie et à partir d'infimes indices (un dentier, quelques photos, une image pieuse) que se constitue peu à peu une histoire, qui finira par atteindre, par strates successives, l'horizon de l'Histoire majuscule avec sa Grande Guerre, berceau de tous les mystères.
Les Champs d'honneur constitue le premier volet d'une suite romanesque qui se poursuit par Des hommes illustres (sur la figure du père), Le Monde à peu près (sur le deuil du père) et Pour vos cadeaux (portrait de la mère), et qui se clôt avec Sur la scène comme au ciel (la cérémonie des adieux), l'ensemble composant une sorte de livre des origines.
D'abord le père est mort, puis la vieille tante, enfin le grand-père. C'est de là que naît le récit ou plutôt devrais-je dire les réminiscences, car ce livre est un livre de mémoire : les souvenirs surgissent d'un mot d'une phrase et nous emmènent dans un passé de plus en plus ancien jusqu'à arriver à la première guerre mondiale et puis d'un mot nous sommes de retour dans le présent.
Les personnages de cette grande famille s'animent, attendrissants avec leurs lubies comme la petite tante et ses images pieuses. Avec ce sens de l'expression qui le caractérise, Jean Rouaud nous renvoie à notre propre passé et ravive en nous des souvenirs familiaux oubliés et aussi touchants.