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L'écrivain qui doit quitter sa langue pour une autre est-il pareil à ce soldat sans armes qui déserte son pays et dont la fuite éperdue tient d'une course de cauchemar dans un temps suspendu ? Mue douloureuse s'il en est. De vieilles phrases collent à la chair et quand on a réussi à les en arracher, il y reste encore des lambeaux de mots, des grains de syllabes anciennes. Peu à peu cependant le vieux langage bat en retraite, moulu jusque dans ses structures, et finit par disparaître face à l'invasion du nouveau.
Mais quand on a enfin traversé et que, le tablier du pont derrière soi, on est arrivé sur l'autre rive, arrivé à faire langue neuve, a-t-on pour autant vraiment changé d'écriture ? Les fantasmes de toujours sont peut-être trop profondément enfouis en nous pour que même une armée de terrassiers puisse les extraire et nous en affranchir. Le Mot sablier a été écrit en partie en roumain, en partie en français directement.
Sous des apparences modestes et ludiques, il s'agit à la fois d'un roman, d'une étude sur l'imaginaire et sur la langue, leurs pouvoirs. De nombreux personnages pittoresques - parmi lesquels l'auteur, le traducteur, une libraire - illustrent le propos théorique de l'auteur.