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"Et alors, le type ? Il a foutu le camp, me répondit Hubert, en riant d'un petit rire pointu. Il ajouta : Que voulais-tu qu'il fasse ? " J'étais assis devant ma table chargée de mon habituel fatras de papiers mais ce jour-là, en plus du fatras : un échiquier et un journal ouvert... C'était il y a quatre ans, le matin du 25 février 1943, soit trente et un ans jour pour jour après certains événements dont j'aurais voulu quelque part faire le récit.
Mais - Hubert était venu me voir de très bonne heure : le cher Hubert, le poète et l'amoureux, l'ami des songes, le prophète Hubert, toujours aussi jeune et beau, aussi grand adolescent que jamais, bien qu'il ait hélas ! dépassé la trentaine. Il ne dit plus rien. Debout, une main posée sur ma table, il me regardait en souriant. "Tu dis que... l'autre avait une carriole ? lui demandai-je. Pas une carriole : une vieille auto, qui faisait un boucan terrible à travers la lande.
Il se modernise ! " Et, de nouveau, le petit rire pointu. "Evidemment. Drôle d'histoire ! Pas très neuve... Tu dis que dans la carriole, enfin l'auto, il y avait un chien ? Un grand chien noir. Attaché ? Oui. Mais arrivé dans la cour il a détaché le chien, qui a sauté par la fenêtre. Et qu'est-ce qu'il faisait pendant que le chien... Rien. Il restait dans la cour, debout, avec son grand manteau, son grand chapeau de velours à larges bords.
Même pas l'air de s'occuper".