En cours de chargement...
Le Sang noir est l'histoire d'une journée de 1917, dans une ville provinciale de l'arrière. C'est à travers le calvaire du professeur de philosophie Merlin, dit Cripure (à cause de la Critique de la raison pure), le tableau d'une société de pharisiens, de grotesques, de haïssables, en face de gentils, de révoltés, de victimes.
Cripure, lui, s'il a été un révolté, ne l'est plus guère. Il est la caricature d'un homme à la fin d'une civilisation, un homme extrêmement pitoyable.
Moqué par ses élèves, vivant comme une gothon, sachant qu'une révolution se lève à l'Est, trop tard pour lui, haï par tous les patriotes de l'arrière, il veut se battre en duel, dans un dernier sursaut. Et, comme on le prive de ce duel et de son honneur, il ne lui reste plus que le suicide.
Bien que retentissant des problèmes de 1917, Le Sang noir est un roman métaphysique, plus que politique. Cette dimension métaphysique et le foisonnement des personnages font du Sang noir le roman le plus dostoïevskien de la littérature française.
critique
Chef-d'oeuvre des années 30, ce pavé de plus de 600 pages nous raconte l'histoire de Cripure et, à travers lui, une société bourgeoise décadante et pédante qui doit se préparer à une guerre sanglante. Feuilleter le livre de vie de ce personnage, c'est rentrer dans un monde obsessionnel qui jongle avec le mépris de la vie, le doute de soi, l'amour d'une femme, la peur de la société, la haine des bourgeois, le mal-être. Pour créer ce personnage dérangeant mais très humain car très complexe, Louis Guilloux s'est inspiré de ce qui s'est passé dans la vie de son professeur de morale : George Palante. Celui-ci, suite à l'echec de l'organisation d'un duel (entre autres), s'est suicidé avec un pistolet offert par l'auteur. Ce livre très dense mérite sa réputation de chef-d'oeuvre même si une seule lecture ne m'a pas permis d'apprécier pleinement toute l'ironie et la richesse du propos.