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Ce livre porte sur l'adaptation et les appropriations individuelles et collectives d'une "science" millénaire chinoise, le feng-shui, en France. Cet "art ancestral" propose une optimisation de l'aménagement des espaces par l'observation de l'environnement naturel, l'équilibre des énergies et l'harmonisation générale de l'espace à ses habitants. Parce qu'il se fonde sur une conception du monde alternative à celle de l'Occident (vision harmonieuse de l'homme et de la nature pour l'un, conflictuelle et hiérarchisée pour l'autre), le feng-shui touche à la fois à des questions environnementales, éthiques (mais aussi philosophiques et religieuses), politiques (gouvernement des corps et représentations du pouvoir) et sociologiques (inégalité sociale face à la pratique).
Le succès que remportent les pratiques du feng-shui en France ces dernières années s'inscrit dans un ensemble de changements structurels importants : crise de l'expertise scientifique, individualisation croissante, nouvelle quête de sens, crise des légitimités traditionnelles, etc. Ce développement du feng-shui s'accompagne d'une professionnalisation des praticiens, du développement d'un marché des pratiques et d'une tentative d'institutionnalisation qui s'appuie sur une dimension idéologique : réactivation de croyances ancestrales et adhésion collective à une philosophie du bien-être.
