Après l'invention du Cinématographe, en 1895, Louis et Auguste Lumière formèrent, à Lyon, une centaine d'opérateurs qui allaient révéler au monde la magie du septième art. Pierre Chapuis, Gabriel Veyre, Eugène Promio, Francis Doublier, Félix Mesguich, et de nombreux autres, furent ces pionniers du cinéma, partis à la conquête des cinq continents. Grâce à la prodigieuse machine à reproduire la vie, soigneusement mise au point, ils organisèrent en France, en Russie, aux Etats-Unis, en Italie, en Suède, au Japon..., les premières projections publiques d'images animées.
En se fondant sur une très riche iconographie et sur les correspondances inédites de la collection Génard, ce livre raconte la vie au jour le jour des premiers opérateurs Lumière, projectionnistes, puis cinéastes à leur tour. Lancés sur les routes, ils rappellent parfois les troupes de comédiens ambulants ; ils ignorent le plus souvent l'importance et l'avenir de leur métier, surpris, au début, par les succès qu'ils remportent, et aussi par les émotions plus troubles qu'ils suscitent. Certains publics sont chaleureux, d'autres incendiaires. Aux Etats-Unis, on fait des ovations grandioses au Cinématographe, qui, pourtant, quelques mois plus tard, en est chassé brutalement. En Russie, après l'accueil favorable du Tsar, les spectateurs superstitieux de Nijni-Novgorod brûlent le baraquement qui sert de salle de projection aux cris de : " Au feu la sorcellerie ! "
Les commentateurs du temps sont généralement enthousiastes, certains vont jusqu'à voir dans le Cinématographe le moyen de résoudre le mystère de la vie et même de vaincre la mort. Il reste qu'à travers ces premiers films, dont la durée n'excède pas une minute, un nouvel art, un nouveau langage s'élaborent : un deuxième regard qui évoque celui d'un tout jeune enfant découvrant peu à peu le monde qui l'entoure.