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Cet ouvrage propose une mise en perspective sociolinguistique, historique et épistémologique visant à éclairer la manière dont s'articulent le " linguistique " et le " juridique ". Une étude approfondie de la longue tradition de théorisation des rapports entre " langue " et " droit " met d'abord à jour le déterminisme linguistique qui l'imprègne : la pensée juridique serait inextricablement liée à la langue de son expression.
Ce déterminisme servant le plus souvent des mouvements d'affirmation identitaire contre l'autre, les fonctions et les implications éthico-politiques d'un rapport d'exclusivité trop souvent posé entre langue et droit mérite d'être interrogé : des manifestations récentes d'hostilité vis - à - vis du plurilinguisme juridique européen invitent en effet à être vigilant. L'ouvrage éclaire ensuite les raisons profondes de la solidité des objets construits que sont la " langue " et le " droit ", et ceci du triple point de vue des représentations linguistiques, de l'histoire linguistique et juridique française, et des épistémologies disciplinaires - en droit et en sciences du langage.
Dans le domaine juridique, on remarquera que la stabilisation de la relation signe/sens constitue un idéal s'exprimant chez les juristes à travers diverses représentations linguistiques. La recherche de la sécurité juridique peut expliquer une conception - majoritaire dans le monde du droit - du fonctionnement de la langue comme un système de rapports prédictibles, stables et homogènes. Cette représentation sera utilement mise en perspective historique : l'histoire des unifications linguistique et juridique montre en effet une étonnante synergie, la langue et le droit français se construisant conjointement, se " solidifiant " dans la perspective de l'édification stato-nationale.
Les épistémologies disciplinaires ont logiquement été marquées par cette histoire intriquée, et cet ouvrage se propose de mettre en évidence les " anciennes et profondes affinités " existant entre sciences linguistiques et juridiques (Besse, 2000 : 737). Mots clés : langue du droit, représentations linguistiques, déterminisme linguistique, histoire des unifications linguistique et juridique, épistémologie.