Ayant créé un blog sur la littérature, que dis-je sur la "littérature 2.0", il m'était difficile de passer à coté du roman estampillé "geek" de la dernière rentrée littéraire, La Théorie de l'information d'Aurélien Bellanger.
Alors, je me précipite chez mon libraire favori ? Non bien entendu, c'est sans doute l'occasion de tester l'application book de la tablette que m'ont offerte mes anciens collègues.
Je me précipite donc dans le menu "store" de celle-ci, me balade un peu dans les différents menus et là, heureuse surprise, une catégorie "livres gratuits" me permet de télécharger
de grands classiques français (Victor Hugo, Emile Zola, Molière, Baudelaire, Apollinaire, Jules Verne...) ou étrangers (Oscar Wilde, Kafka, Dickens, Tolstoi, Poe...). Une petite demi-heure plus tard et j'ai réglé pour un temps le problème de place dans ma bibliothèque parisienne.
Bon je reviens tout de même à mon objectif principal, le livre d'Aurélien Bellanger vendu 22,50 € en librairie. Et là, seconde bonne surprise, celui-ci y est vendu à 15,99 € soit une réduction de plus de 6€ sur l'exemplaire papier !
Enfin jusqu'à se demander combien vaut réellement un livre numérique ou plutôt quel est son coût de production réel.
En effet, si la part revenant à l'auteur est la même (en général 10 %), une fois le livre numérique conçu, le coût de production étant alors dégressif (voire nul une fois rentabilisé), ce qui n'est pas le cas pour le livre broché (le coût du papier, de l'impression, de l'acheminement étant incompressible), la marge du vendeur (40 %) mais surtout celle de l'éditeur (15%) qui fixe le prix du livre doivent s'en trouver fortement rallongées !
Trop tard, j'ai déjà acheté La Théorie de l'information (et c'est quand même du roman dont je dois parler dans ce post) et du prix du livre numérique, je reparlerai plus longuement un peu plus tard pour la partie Littérature 2.0 de Dandelion.
Ce qui est sûr, c'est que ce livre a beaucoup fait parler.
On a pu le taxer de roman innovant mais ce n'est pas vraiment l'idée que je me faisais de l'innovation en littérature (sons, vidéos, 3D, interactivité tous ça bien sûr, dans sa forme numérique).
On a pu lire aussi d'Aurélien Bellanger qu'il était le nouveau Houellebecq (Goncourtisé en 2010 rien que ça...), raccourci un peu facile lorsque l'on sait que le premier livre d'Aurelien Bellanger était un essai consacré à l'auteur de La Carte et le territoire.
L'on se trouve pourtant avec entre les mains un roman classique qui narre très chronologiquement le parcours à succès, au sein de l'économie française de Pascal Ertanger, de son enfance de geek fada de langage BASIC au statut de l'un des hommes les plus riches du monde.
Pour cela Pascal connaîtra des succès dans le minitel (rose) puis, grâce à des investissements judicieux mais pas toujours très catholiques, en tant que fournisseur d'accès à internet.
Ça vous rappelle vaguement quelqu'un ? Oui c'est bien de Xavier Niel (actuel PDG de Free pour ceux qui ne le remettrait pas, l'inventeur de l'horloge noire designée -to design francisé- par Philippe Starck et qui permet, si l'on a l'idée de la relier à l'aide d'un câble à son ordinateur, d'obtenir, en outre, un accès internet à haut débit) et dont l'auteur avoue s'être inspiré (du moins en partie) pour raconter l'épopée de son héros.
Entrecoupé d'articles scientifiques obscurs pour les non initiés (mais qui raviront peut être certains puristes de la théorie de Shannon que l'on aborde notamment en école de communication) qui donnent très vite l'envie d'abandonner la lecture du roman mais dont on peut aisément se passer (je plaide coupable...) sans en altérer l'intrigue principale. Nous pouvons encore être perdu au milieu de longues digressions théoriques mais parvenons à une fin en apothéose que je soupçonne Aurélien Bellanger d'avoir écrite sous l'emprise de certaines substances hallucinogènes.
Ecrit avec un style simple (certains ont même dit écriture "wikipédia" pour dénoter son manque de figures de style littéraires), l'on achève la lecture de La Théorie de l'information avec une impression d'avoir lu une originale chronique romancée de l'histoire technologique française de ces 30 dernières années.
AL
http://blowawaydandelion.blogspot.fr/2013/04/la-theorie-de-linformation-daurelien.html
La théorie de l'information
On suit le destin d'un homme, Pascal, depuis les années 70 jusqu'à nos jours, il va être un précurseur dans le domaine des nouvelles technologies de l'information. Le livre est divisé en trois parties : Minitel, Internet, 2.0. On peut lire en interlude, entre chaque chapitres, le texte qui donne son titre au roman, il est écrit par Pascal, et se divise en parties steampunk, cyberpunk et biopunk. L'auteur y fait appel à des théories scientifiques : la thermodynamique, le mouvement perpétuel, l'entropie, la démonologie, la cybernétique, parlant des scientifiques spécialisés dans ces domaines, Maxwell, Brown, Shannon, Boltzmann, Szilard ou Wiener, de philosophes comme Leibniz ou Deleuze ou d'auteurs de SF comme Gibson et son Neuromancien ou Dave Egan. L'information devient une nouvelle quantité de la physique, ce statut opère un renversement conceptuel, la thermodynamique devenant une branche de l'informatique, et le personnage principal de l'histoire va chercher à pirater le temps en trouvant un bio-réceptacle à l'information humaine, trouvant ainsi une solution à l'inexorable dégradation de l'énergie. Avec ce roman l'éditeur Gallimard a trouvé son Michel Houellbecq, le côté visqueux en moins, un ouvrage qui rebutera peut-être tous ceux qui sont allergiques à l'informatique, néanmoins tout l'arrière plan historique est très bien documenté, les « presque » vieux qui ont vécu la naissance du minitel, et l'apparition des premiers ordinateurs visant le grand public, vont pouvoir découvrir dans les moindres détails les coulisses de cet genèse révolutionnaire qui présida au passage du XXe au XXIe siècle. Et même si on a parfois l'impression d'avoir un essai, un peu ardu pour certains passages, entre les mains, le style d'écriture correspond parfaitement à l'esprit du personnage principal, qui porte à la fois le nom d'un philosophe et mathématicien célèbre mais aussi celui d'un langage de programmation, ce qui explique parfaitement les passages purement analytique, son côté de plus en plus misanthrope, cette manière qu'il a de toujours calculer en imaginant ses nouveaux projets, et de se rapprocher ainsi de manière asymptotique d'un dieu.