En cours de chargement...
L'intitulé du présent ouvrage a été choisi pour faire écho à la critique formulée naguère par Jean-François Lyotard à l'encontre d'Adorno : Lyotard réclamait, pour aborder les musiques qu'il estimait susceptibles de participer authentiquement à la " réécriture de la modernité ", que l'on abandonnât l'" alternative " définie par cet auteur ; n'étant " ni apparence, musica ficta, ni connaissance laborieuse, musica fingens ", l'œuvre (ou la non-œuvre) " littérale ", povera, serait " jeu métamorphique d'intensités sonores, travail parodique de rien, musica figura ".
On s'est donc efforcé, d'enquêter sur l'élaboration de la " catégorie postmodernité " prise in statu nascendi, c'est-à-dire à sa source musicale. Cela permettait de faire droit à la relative complexité sémantique du mot fiction. Celui-ci n'est pas seulement synonyme de " fabrication ", car au latin fabricare, le fingere ajoute la nuance d'une " feinte ". Et " feinte " nous expédie vers l'eirôneia des Grecs " ironie " et postmodernité ne peuvent que s'entendre.
Mais le premier des ironistes postmodernes n'est autre que le premier musicien vraiment répétitif : Nietzsche. Son Fragment an sich, un morceau de piano de 22 mesures daté de 1871, comporte en effet un Da Capo non chiffré : illimité ! La fiction musicale de la postmodernité, ne serait-ce pas dès lors la ritournelle, figure (figura) de l'éternel retour ?