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Le long affrontement d'Athènes et de Sparte est la toile de fond sur laquelle se déroule le Ve siècle, devenu pour nous le sommet de la Grèce classique, avec les figures de Périclès et de Socrate. D'un côté, Athènes la démocrate ; de l'autre : Sparte, l'oligarque où le pouvoir est réservé à l'élite militarisée des «peu nombreux». Acteur malheureux des affrontements sans cesse repris entre les deux cités, et remportés par Sparte en 404, Thucydide s'en fera l'historien avec La guerre du Péloponnèse, livre fondateur de la science historique.
Tout semble dit sur cette guerre, de longue date étudiée et commentée. Philippe Lafargue, pourtant, permet de redécouvrir sous un angle inattendu la modernité du conflit. En effet, le récit de Thucydide ne se contente pas d'établir des faits. Il en offre une construction, ne serait-ce qu'en fixant des périodes et en définissant des «grandes dates» et des «grands événements». La guerre du Péloponnèse reflète ainsi l'affrontement sans pitié, dans la démocratie athénienne entre une classe politique institutionnelle «sage» et les «démagogues», ces porte-parole du peuple dont la figure la plus honnie est Cléon, bête noire d'Aristophane et de Thucydide, lui-même.
La popularité de Cléon fut scellée par la victoire éclatante d'Athènes à Pylos, sur la côte ouest du Péloponnèse en 425 av J-C. C'est cette bataille que Philippe Lafargue fait revivre : débarquement naval, armements lourds, armements légers, tactiques, usages du relief… Chacun de ces détails renvoie aussi à des réalités politiques et à des affrontements idéologiques. On comprend alors mieux ce qui se joue chez tous ceux qui ont vécu et commenté l'exceptionnel événement.
La personnalité de Cléon hante non seulement les écrits de Thucydide mais aussi ceux de Platon, d'Aristote et de bien d'autres. Plus largement, La bataille de Pylos montre comment aujourd'hui encore l'écriture de l'histoire est indissociable de la politique et de la réflexion sur la démocratie.
