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Cerné de toute part, le livre est sommé de rentrer dans l'ordre numérique. Laboratoires du futur plus innovants que jamais, multinationales du web, géants de l'électronique, pouvoirs publics et techno-enthousiastes oeuvrent de concert pour faire disparaître ce petit "cube de papier", qui fait figure de fossile à l'heure où la culture numérique s'impose partout. Bien que sa liquidation ne se fasse pas aussi vite que prévu - le marché de l'e-book peinant à s'imposer en France -, les acteurs de la chaîne du livre sont de plus en plus fragilisés, même si certains croient pouvoir transférer leur métier dans un monde qui n'a pourtant pas besoin d'eux.
Et ce, alors que les modes de lecture induits par le livre, au fondement de nos façons de penser et de nos manières d'être au monde, sont aujourd'hui en crise. Le livre, dans sa linéarité et sa finitude, dans sa matérialité et sa présence, constitue un espace silencieux qui met en échec le culte de la vitesse, permet de maintenir une cohérence au milieu du chaos. Point d'ancrage, objet d'inscription pour une pensée critique et articulée, hors des réseaux et des flux incessants d'informations et de sollicitations, il est peut-être l'un des derniers lieux de résistance.
C'est ce que nous rappellent les libraires, bibliothécaires, éditeurs, auteurs, traducteurs et lecteurs, venus d'horizons divers, qui s'expriment dans cet ouvrage. Un peuple du livre, réfractaire aux illusions numériques, qui défend ce pourquoi il se bat au quotidien, à contrecourant des processus qui endommagent nos capacités de lecture, de contemplation, de réflexion, d'écoute et d'abandon esthétique, pourtant si nécessaires à la construction de soi et au bien-être collectif.
Le LIVRE dans le numérique
L'échappée belle ne déroge pas à sa démarche de frondeur intelligent. "Cerné de toute part, le livre est sommé de rentrer dans l'ordre numérique". Le livre numérique représente aujourd'hui en France représente 1,6% du ca et 2,4 % du volume. La chose n'avance guère et n'est pas comparable à d'autres pays. Mais dans un écosystème fragile comme le nôtre, qu'est qu'un changement de rapport au livre peut engendrer ? Quels lecture et lecteurs cela peut-il produire ? Une guerre invisible et sans merci est engagée. Comme on parlait d'édition sans éditeur, va-t-on devoir parler bientôt de librairies sans libraires ? Un travail collectif sérieux où l'on reconnaît quelques noms impliqués, concernés et quelques contributions étonnantes. indispensable.