" Une machine à vivre, Adama, pas à tuer. Pas à allumer quinze ans après feu pour feu."
Il a fui son pays en s’échappant des entrailles de la terre, de la fosse où gisait sa femme, son aimée. Il n’avait plus que cet enfant pour raison de survie, sa fille, son Adama. Traqué comme une bête, risquant leur vie sur un bateau de misère, ils sont enfin arrivés sur un continent pour connaître la promiscuité, l’humiliation et surtout la peur d’être séparé de sa fille.
" tu vois, mon Adama, chaque fois, sur le chemin, quand je vacille, quand je suis perdu, c’est toi qui me tiens
debout."
Adama, aussi, a besoin de son père pour être rassurée. Mais il faut bien qu’il la laisse à d’autres mains pour gagner de quoi survivre.
Ces épreuves, il ne les a pas racontées à sa fille pour l’épargner et la laisser confiante en l’avenir sur cette terre où elle a pris racine.
Mais au cœur de cette cité en béton où ils ont enfin un logement, la laideur et l’ennui poussent la jeune fille à exister grâce à la bande des princesses A, ses amies. Et une simple histoire de cœur entraîne Adama dans un acte de violence.
Le père se retrouve désemparé et cherche en son histoire les raisons du désœuvrement de sa fille.
L’auteur souffle le chaud et le froid en alternant la confession du père dans une belle langue poétique d’où émane tant d’amour et de désespoir et le récit d’Adama en langage de la cité. Et quelque soit la langue, elle parvient à capter mon intérêt et à me faire éprouver de la compassion.
C’est un très beau texte à ne pas manquer sur la difficulté de l’exil et de l’intégration.
Beau
Notre narrateur est un père meurtri. Il a, il y a bien longtemps, quitté son pays en guerre pour la France avec sa fille Adama. Il a connu le camp de réfugiés, d'où il a préféré partir dès que l'occasion (tragique) s'est présentée. Il a alors erré, cherché chaque matin un emploi illégal pour finir par offrir à sa fille un endroit où vivre. Mais on le sait dès le début de ce texte, sa fille n'a pas su profité de cette deuxième chance. Dans un moment de bêtise, elle a tué.
Il est un peu court pour moi ce texte mais comment nier sa beauté? Les pages sur l'immigration sont aussi belles que celles sur la paternité. Cet homme digne et fier qui ne baisse pas les bras est un superbe personnage. C'est très fort mais Carole Zalberg ne tombe jamais dans le pathos, ni dans le pamphlet politique et je lui tire mon chapeau. J'ai un peu moins aimé les paroles d'Adama, pourtant très réalistes.