Si vous souhaitez découvrir l’Iran, avant et après la révolution islamique de 1979, je vois conseille ce très beau roman qui allie romanesque, ironie, et histoire.
C’est la rencontre de deux iraniennes.
Nahal, l’auteur a quitté l’Iran en 1977 et vit depuis en France. Elle garde un bon souvenir de sa jeunesse iranienne dans une famille aisée, un lycée français, sous le règne du Shah. Pas de foulard, son port obligatoire pour les femmes avait été aboli.
Sheyda est née en 1983, en pleine guerre Iran-Irak. Son père est un acteur et metteur en scène de théâtre, sa mère est
peintre et de religion bahaïe. Le bahaïsme est une religion interdite mais tolérée si elle est très discrète.
La république islamiste confisque les biens des bahaïs, oblige le port du foulard, interdit la musique, ignore la danse, contrôle tout ce qui se joue. La vie est difficile pour les artistes, les femmes. Sheyda préfère se raser la tête et se faire passer pour un garçon afin de simplifier son quotidien et éviter les brûlures à l’acide. Plus tard, son métier, actrice ne vaut RIEN.
En faisant de Sheyda son personnage de roman, Nahal cherche l’"Iran qui lui a échappé".
"Sheyda a vingt-huit ans. Elle est née six ans après mon départ de l’Iran et quatre ans après l’instauration de la République islamique. Elle est cet Iran que je ne connais pas et que je cherche à happer, à saisir, cet Iran qui attire et terrorise, qui danse et pleure, qui ment et prie, qui boit et jeûne, qui célèbre la fête du Feu et qui se flagelle pour l’imam Hosseyn."
C’est cet Iran où le mensonge est appris au sein de la famille. L’enfant ne doit pas répéter à l’école qui est reçu à la maison, quels livres sont lus, que les parents dégustent un verre de vin, que le fils joue d’un instrument de musique.
Lorsque Sheyda tourne un film à Hollywood, est photographié sans foulard sur le tapis rouge, touche le cou d’un acteur, elle est arrêtée. On lui retire son passeport et elle erre dans les différentes instances du ministère des Renseignements et de la Sécurité nationale et vit sept mois d’interrogatoires.
Si le corps des deux iraniennes est désormais en France, il semble évident que leur âme est est restée en Iran. On retrouve dans ce roman toute l’importance de la maison d’enfance.
Nahal Tajadod a écrit un roman très riche. Derrière l’histoire de cette actrice inspiré de la vie de Golshifteh Farahani, l’auteur livre une vision de l’histoire mais aussi des éléments du quotidien ( port du foulard, mariage temporaire, âge du mariage, rôle de l’acteur, chaînes satellites, pendaisons aux grues), des aperçus de la littérature persane.
Les registres sont aussi variés allant du tragique à l’ironie, de l’errance au concret.
La fin du roman est particulièrement intense avec une vive émotion face à cet exil inévitable mais redouté.
Deux iraniennes exilées
Si vous souhaitez découvrir l’Iran, avant et après la révolution islamique de 1979, je vois conseille ce très beau roman qui allie romanesque, ironie, et histoire.
C’est la rencontre de deux iraniennes.
Nahal, l’auteur a quitté l’Iran en 1977 et vit depuis en France. Elle garde un bon souvenir de sa jeunesse iranienne dans une famille aisée, un lycée français, sous le règne du Shah. Pas de foulard, son port obligatoire pour les femmes avait été aboli.
Sheyda est née en 1983, en pleine guerre Iran-Irak. Son père est un acteur et metteur en scène de théâtre, sa mère est peintre et de religion bahaïe. Le bahaïsme est une religion interdite mais tolérée si elle est très discrète.
La république islamiste confisque les biens des bahaïs, oblige le port du foulard, interdit la musique, ignore la danse, contrôle tout ce qui se joue. La vie est difficile pour les artistes, les femmes. Sheyda préfère se raser la tête et se faire passer pour un garçon afin de simplifier son quotidien et éviter les brûlures à l’acide. Plus tard, son métier, actrice ne vaut RIEN.
En faisant de Sheyda son personnage de roman, Nahal cherche l’"Iran qui lui a échappé".
"Sheyda a vingt-huit ans. Elle est née six ans après mon départ de l’Iran et quatre ans après l’instauration de la République islamique. Elle est cet Iran que je ne connais pas et que je cherche à happer, à saisir, cet Iran qui attire et terrorise, qui danse et pleure, qui ment et prie, qui boit et jeûne, qui célèbre la fête du Feu et qui se flagelle pour l’imam Hosseyn."
C’est cet Iran où le mensonge est appris au sein de la famille. L’enfant ne doit pas répéter à l’école qui est reçu à la maison, quels livres sont lus, que les parents dégustent un verre de vin, que le fils joue d’un instrument de musique.
Lorsque Sheyda tourne un film à Hollywood, est photographié sans foulard sur le tapis rouge, touche le cou d’un acteur, elle est arrêtée. On lui retire son passeport et elle erre dans les différentes instances du ministère des Renseignements et de la Sécurité nationale et vit sept mois d’interrogatoires.
Si le corps des deux iraniennes est désormais en France, il semble évident que leur âme est est restée en Iran. On retrouve dans ce roman toute l’importance de la maison d’enfance.
Nahal Tajadod a écrit un roman très riche. Derrière l’histoire de cette actrice inspiré de la vie de Golshifteh Farahani, l’auteur livre une vision de l’histoire mais aussi des éléments du quotidien ( port du foulard, mariage temporaire, âge du mariage, rôle de l’acteur, chaînes satellites, pendaisons aux grues), des aperçus de la littérature persane.
Les registres sont aussi variés allant du tragique à l’ironie, de l’errance au concret.
La fin du roman est particulièrement intense avec une vive émotion face à cet exil inévitable mais redouté.