Un " écritoir " n'existe pas. Du moins pas orthographié tel quel. C'est un néologisme, un jeu de mots et cela paraît de circonstance puisque le principe même de l'écriture est de jouer avec le langage, quand jouer signifie encore inventer, découvrir, surprendre, se défouler, batailler parfois. Ecritoir parce que, en prison, la communication passe en majeure partie par l'écrit : correspondance, convocations, cantinage et demandes diverses. L'autre lieu, pour les plus " chanceux " des détenus, est le parloir, espace occasionnel de rencontre et de dialogue avec autrui. L'atelier d'écriture, évidemment moins vital, partage avec le parloir cette vertu essentielle : il est un lieu de rendez-vous avec l'extérieur, matérialisé par l'écrivain venu l'animer. Là, à la simple écoute se substitue vite l'échange - avant enfin, peu à peu, que l'expression ne devienne écrite. L'important est dès lors que cette parole soit répercutée et entendue, qu'elle ne soit pas que rumination silencieuse et solitaire qui, quand bien même aurait-elle une qualité artistique, n'apporterait guère plus que le quotidien. C'est pourquoi chaque détenu ayant participé à l'un des ateliers a ici au moins un texte publié, qui restera, qu'il pourra relire, faire lire à ses proches, dont il pourra se vanter et c'est tant mieux. Sans ces Ecritoirs, les ateliers d'écriture auraient à coup sûr perdu de leur valeur aux yeux des participants, donc de leur intérêt, donc de leur qualité, donc finalement de leur utilité.