La narration alterne entre le récit de Narcisse, jeune marin abandonné sur une côte déserte, et les lettres qu'Octave envoit au Président de la Société de Géographie.
Au fil des chapitres, nous découvrons comment Narcisse a cru mourir de faim et de soif au milieu d'une nature luxuriante mais dont il ne savait lire les codes ; comment il a été recueilli et soignée par une tribu ; et comment, peu à peu, il en a appris les us et coutumes jusqu'à en oublier sa langue.
En parallèle, Octave raconte au Président de quelle façon il a fait connaissance avec ce "sauvage blanc" ; comment
il a découvert son identité ; ainsi que les avancées de sa "transformation" en homme civilisé, capable de rencontrer et de converser avec l'impératrice Eugénie.
Bien sûr, tous les clichés du XIXe siècle sont présents : Narcisse n'est qu'un petit marin qui s'est laissé corrompre par les sauvages ; le bel esprit domine la très scientifique Société de Géographie française qui, au contraire de nos amis les anglais, n'a pas su donner tout son sens et son importance à cette découverte.
Octave lui-même veut absolument que Narcisse occupe un emploi en France, allant jusqu'à payer des recherches en Australie pour retrouver les enfants de Narcisse qu'il baptise lui-même. Jamais il ne se demande si Narcisse n'aurait pas aimé retourné auprès de ses enfants....
Ce "sauvage blanc" est à l'image de la tribu qui l'a hébergée et nourrit et fait sien : discret, peu bavard, secret, mais en total communion avec la nature.
Un roman que j'ai beaucoup aimé, un coup de coeur.
coup de coeur2-3
L'image que je retiendrai :
Celle de l'unique repas de la tribu, en fin de journée, lorsque le soleil s'est caché et qu'il fait frais. Un repas cuit dans la terre, sorte de "bougnat".
Une triste aventure
Il est difficile de se détacher du livre tant les personnages sont attachants et intéressants. D'un côté, Narcisse un matelot "oublié" lors d'une escale et Octave, un humaniste géographe qui va prendre en charge Narcisse lors de son retour vers l' Europe.
Hélas, malgré l'engouement de certains, on devine très vite que la réintégration dans la civilisation occidentale va être compliquée.
Le livre expose les points de vue de Narcisse et d'Octave de manière simultanée ce qui donne du souffle au roman.