Biographie d'Akira Mizubayashi
Daniel Pennac, de son vrai nom Daniel Pennacchioni, est né le 1er décembre 1944 à Casablanca, au Maroc. Il est le quatrième et dernier d'une tribu de garçons. Son père est militaire. La famille le suit dans ses déplacements à l'étranger -Afrique, Asie, Europe- et en France, notamment dans le village de La Colle-sur-Loup, dans les Alpes-Maritimes. Quand il évoque son père, il l'assimile à la lecture : 'Pour moi, le plaisir de la lecture est lié au rideau de fumée dont mon père s'entourait pour lire ses livres.
Et il n'attendait qu'une chose, c'est qu'on vienne autour de lui, qu'on s'installe et qu'on lise avec lui, et c'est ce que nous
faisions.' Daniel passe une partie de sa scolarité en internat, ne rentrant chez lui qu'en fin de trimestre. De ses années d'école il raconte : 'Moi, j'étais un mauvais élève, persuadé que je n'aurais jamais le bac.' Toutefois, grâce à ses années d'internat, il a pris goût à la lecture.
On n'y permettait pas aux enfants de lire, comme il l'évoque dans Comme un roman : ' En sorte que lire était alors un acte subversif. À la découverte du roman s'ajoutait l'excitation de la désobéissance...'.
Ses études de lettres le mènent à l'enseignement, de 1969 à 1995, en collège puis en lycée, à Soissons et à Paris.
Son premier livre, écrit en 1973 après son service militaire, est un pamphlet qui s'attaque aux grands mythes constituant l'essentiel du service national : l'égalité, la virilité, la maturité.
Il devient alors Daniel Pennac, changeant son nom pour ne pas porter préjudice à son père.
En 1979, Daniel Pennac fait un séjour de deux ans au Brésil, qui sera la source d'un roman publié vingt-trois ans plus tard: Le Dictateur et le hamac.
Dans la Série Noire, il publie en 1985, Au bonheur des ogres, premier volet de la saga de la tribu des Malaussène (dont on retrouvera le 'petit' dans Kamo.
L'idée du siècle).
Daniel Pennac continue sa tétralogie avec La Fée Carabine puis La petite marchande de prose et Monsieur Malaussène (il y a ajouté depuis Aux fruits de la passion).
Il diversifie son public avec une autre tétralogie pour les enfants, mettant en scène des héros proches de l'univers enfantin, préoccupé par l'école et l'amitié : Kamo, l'agence Babel, Kamo et moi, L'évasion de Kamo et Kamo, l'idée du siècle.
Ces romans sont-ils le fruit de souvenirs personnels? 'Kamo, c'est l'école métamorphosée en rêve d'école, ou en école de rêve, au choix.'
À ces fictions s'ajoutent d'autres types d'ouvrages : un essai sur la lecture, Comme un roman, deux ouvrages en collaboration avec le photographe Robert Doisneau et La débauche, une bande dessinée, avec Jacques Tardi.
Il a mis fin en 1995 à son métier d'enseignant pour se consacrer entièrement à la littérature.
Toutefois, il continue d'avoir un contact avec les élèves en se rendant régulièrement dans les classes.
Entre deux langues...
Akira Mizubayashi est un japonais venu à la langue française à 19 ans, alors qu'il était encore un jeune étudiant gêné par les bavardages vides de sens qu'il entendait dans sa langue natale, pris par un sentiment d'étouffement dans son propre pays.
Son livre est une vibrante déclaration d'amour à notre langue, qu'il habite maintenant depuis près de quarante ans. L’auteur nous raconte son rapport au français, qu'il considère comme un véritable instrument de musique. Sa propre histoire nous révèle aussi tous les paradoxes du concept d'identité nationale : Akira Mizubayashi n'est plus tout à fait japonais mais il demeurera à jamais étranger au français ; c'est dans ce double statut d’étranger, c'est dans cette son "étrangéité" qu'il puise tout son être et sa personnalité.
Ce faisant, l'auteur rend hommage aux personnes qui l'ont accompagné avec bienveillance dans cette langue venue d'ailleurs. La figure du père d'abord, centrale – il nomme même le français sa langue paternelle ; puis deux artistes célèbres qui lui ont véritablement permis sa renaissance française : Jean-Jacques Rousseau et Wolfang Amadeus Mozart ; puis encore, des professeurs d'université et des théoriciens connus ; et enfin, son épouse Michelle rencontrée à Montpellier lors de ses premières années d'études et sa fille Julia-Madoka – sans même oublier sa chienne Mélodie !
Ce récit autobiographique est tout bonnement passionnant et facile d'accès, mêlant anecdotes touchantes ou amusantes et réflexions stimulantes. La langue de Akira Mizubayashi résonne dans l'esprit du lecteur comme une langue musicale faite de rythme et de silence qui ne s'affranchit jamais de son "étrangéité" – étrangéité révélatrice par des formules employées ou par le ton général du livre, un peu précieux voire suranné. Loin de le desservir, cette prose particulière, lisse, douce et symphonique contribue grandement au charme de l'ouvrage.