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XXe siècle
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Maurice Herzog; Annapurna
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Maurice Herzog
Félicité Herzog déconstruit le mythe, déjoue l’imposture familiale.
Dans son premier roman « un héros », la fille du célèbre Maurice Herzog, premier homme à gravir l’Annapurna, déconstruit l’image héroïque de son père au profit de son frère.
Un frère schizophrène et qui selon elle a été le fruit d’une mécanique familiale basée sur les non-dits et les mensonges.
« Quelle mécanique familiale pour laisser une telle défaillance se produire ? »
« Comment fabrique-t-on de la folie ? ».
Elle essaie de comprendre où naît la folie. Dans l’imposture
? Dans la filiation ? Dans le mensonge ?
Elle rend hommage à ce frère étrange, qui lui a échappé à la fois dans la folie et dans la mort, détruit par une histoire familiale bancale, réécrite, imaginée.
Elle explique qu’au lieu d’écrire ses mémoires elle a préféré faire de son histoire, un roman car les mémoires sont pour elle des mensonges.
Le livre d’histoire de la famille est écorné.
La légende dorée s’assombrit, le héros est un insensible, un cannibal du sexe, il devient un autre dans le regard de sa propre fille.
Elle y dénonce l’imposture.
Son père est devenu malgré lui l’image d’une France qui avait besoin de se construire un mythe après la seconde guerre mondiale, qui avait besoin de rêver, qui voulait balayer son histoire, trop lourde à porter, trop difficile à assumer.
A travers cette critique sévère envers sa famille, c’est un jugement que Félicité porte sur la France, sa mémoire collective, sur ce que l’histoire engloutie, sur ce qu’on préfère oublier : la France des collabos, les dénonciations, l’héritage de Vichy.
« La France est un pays malade de son histoire ».
En créant un mythe autour de son père, la France a fait de Maurice Herzog le miroir du surhomme fasciste dans laquelle elle voulait se refléter.
Ce roman est un petit meurtre littéraire.
Un livre à ne pas manquer en cette rentrée littéraire.
Non-dits, mythe fabriqué...
La folie, la tromperie, les non-dits, le manque d'amour. Félicité Herzog dépeint dans son premier roman, ô combien réussi, son enfance et son adolescence tourmentées où elle a vu petit à petit son frère sombrer dans la folie. Fille de Maurice Herzog, héros national fabriqué de toutes pièces, suite à l'ascension de l'Annapurna qu'il n'aurait, dit-elle, peut-être jamais réellement atteint. Une France détruite après la seconde guerre mondiale tente de trouver des héros pour redorer son image et effacer le nazisme, la collaboration et Vichy. Maurice Herzog en sera un parmi d'autre, imaginé. Spectatrice de ce mythe, elle dénonce l'imposture familiale et déconstruit ce "héros". Un hommage à son frère emporté dans la mort par la folie, elle tente de comprendre cette histoire familiale inventée qui l'a détruit.
Une belle découverte de cette rentrée littéraire.