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Lorsque Yan Lianke s'empare du célèbre slogan de la Révolution culturelle, c'est pour piétiner au passage les tabous les plus sacrés de l'armée, de la révolution, de la sexualité et de la bienséance politique. Son court roman est aussi iconoclaste que jubilatoire. Ou comment Servir le peuple devient, pour l'ordonnance d'un colonel de l'Armée populaire de libération, l'injonction de satisfaire aux besoins sexuels de la femme de son supérieur.
Le mari s'étant absenté pour deux mois, les deux amants passent leurs journées cloîtrés dans la maison, où ils découvrent par hasard, en brisant une petite statue en plâtre de Mao, que ce geste sacrilège décuple leur désir. Dès lors, c'est à qui se montrera le plus « contre-révolutionnaire » en détruisant le maximum d'objets liés au Grand Timonier. Un amour fétichiste et une variation insolente de l'Histoire officielle qui ont valu au livre d'être saisi et interdit en Chine dès sa publication.
Une histoire délirante et jubilatoire
L'auteur contemporain chinois que je préfère.
Comme les "chroniques de Zhalie" et "Les quatre livres", "Servir le peuple" est tout une métaphore.
Une parodie caustique de l'armée révolutionnaire chinoise, entremêlée avec une passionnelle histoire d'amour surréaliste.
Confucius n'est jamais très loin derrière la manière de penser, voir et écrire chinois.
C'est cette profonde différence de vision avec celle des occidentaux où le rapport du collectif et de l'individuel semble inversé, qui nous enrichit et nous renouvelle.
Absolument génial.