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"Lorsqu'elle entra sur scène et que tout le monde put enfin la voir, Selena ferma les yeux. Elle, elle ne voulait pas les voir. Ni maintenant, ni jamais, pas tant qu'elle pourrait l'éviter. Oh bien sûr elle ne se faisait pas d'illusions : on lui avait déjà dit à de nombreuses reprises qu'elle devrait s'exprimer, parler à la presse à la fin du spectacle et lorsqu'elle avait refusé, on s'était montré plus pressant.
Elle devait parler pour prouver qu'elle avait réussi à réchapper de l'Enfer et tant pis si c'était un mensonge, tant pis si elle se réveillait toutes les nuits en hurlant de terreur et de douleur à la pensée de ces années de cauchemar durant lesquelles elle avait été la chose des hommes. On lui demanderait les détails croustillants de son passé, on l'implorerait même sans doute de se montrer plus émotive, plus loquace.
Et bien entendu, elle se prêterait au jeu des médias, petite poupée de cire, jolie princesse assassinée. "