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À découvrir
Kat Onoma n'a pas encore complété son profil
Grâce aux jeudis critiques, je viens de découvrir "La désirante" de Malika Mokeddem. Je ne connaissais pas cet auteur, ce fut donc pour moi une plongée dans l'inconnu, et j'en ressors conquise.
L'héroïne de ce roman, Shamsa, est une fille du désert abandonnée dès sa naissance, devenue journaliste par conviction et par amour des mots. Par hasard, son chemin a croisé celui de Léo, l'amoureux des mers et des déserts, qui est devenu son compagnon et son âme sœur. Le roman commence avec la disparition de Léo en mer, drame qui vient bouleverser la vie de Shamsa et de ses beaux-parents.
Mais le temps révèle peu à peu des zones d'ombre dans cette disparition : peut-être Léo n'est-il pas mort ? Commence alors pour Shamsa une enquête et une quête, à la barre du voilier "Vent de Sable", symbole de leur amour à tous deux et trait d'union entre deux immensités : la mer et le désert. « Je suis née d’une tombe de sable. La mer est mon désert. Toi, mon port d’attache. »
Poursuite à travers les mers de l'homme solaire qui, pour elle, représente tout et l'a sauvée d'une solitude choisie : « Sur cette Méditerranée où la beauté est plus tragique encore que dans les temps anciens, j’apprends le sens de la disparition. »
Poursuite aussi d'elle-même à travers des retours en arrière qui nous la révèlent peu à peu, en même temps que progresse sa recherche. « C’était ça, l’image de mes origines, un mirage. Juste un mirage. Ici, seuls les palmiers possèdent des racines. » Se dessine alors l’image émouvante d’une femme liée pour toujours au pays qui l’a vue naître, de l’autre côté de la Méditerranée, mais qui ne cesse de questionner ce pays, lieu de l’énigme, des injustices et de l’aliénation.
Les chapitres entrelacent le descriptif : relations avec les parents de Léo, progression de l’enquête policière, escales du voyage, et l’introspectif, lorsque Shamsa s’adresse directement à Lou – le surnom tendre qu’elle donne à Léo – et, à travers ce journal intime, nous dévoile la puissance de ses sentiments et les étapes qui l’ont construite.
En parallèle, revient toujours l’importance des mots dans ce voyage intérieur : « (...) sous le coup de l’effroi, devant l’effondrement de nos repères, nous nous trouvons parfois contraints de recourir aux béquilles de la littérature. En réalité, si nous nous tournons vers elle en ces moments cruciaux, c’est qu’elle seule prend en charge toutes les complexités et les ténèbres humaines ». le roman devient alors une déclaration d’amour à une langue et à une passion : l’écriture.
Magnifique plongée dans le cœur d’une femme, roman écrit avec précision, grâce et acuité, « La désirante » m’a donné envie de découvrir d’autres romans de Malika Mokeddem pour voir si la finesse dans l’analyse des sentiments y est aussi grande : une belle surprise estivale...
J'aime les romans de Paul Kearney - même si le dernier tome des "Monarchies Divines" m'a déçue - pour l'imagination qui préside à l'invention d'un monde cohérent, terriblement proche et pourtant étranger. En ouvrant "10000", je m'attendais donc à un roman de même mouture, où l'auteur s'emparerait d'événements historiques pour les passer à la moulinette de sa créativité et en tirer un récit complexe et captivant.
"10000" est captivant dès le moment ou débute l'expédition qu'il relate, mais la complexité est sinon absente, du moins discrète. Inspiré de l'Anabase jadis relatée
par Xénophon, et nommée aussi "expédition des dix milles", le récit de Kearney peine à décoller dans les premiers chapitres pour trouver ensuite son rythme de croisière : celui des combats. C'est plus un roman épique qu'un roman de fantasy ; j'ai apprécié les dialogues, un peu moins les descriptions parfois fastidieuses. Je recommande à tous ceux qui aiment l'efficacité et l'action bien menée, malgré une note basse qui s'explique par l'inévitable comparaison avec la pièce maîtresse de l'auteur.
Une déception...
Après la lecture de "Chien du Heaume", qui m'avait tenue de bout en bout, je m'attendais à un feu d'artifice du même genre, écrit dans le style si singulier de l'auteur.
Mais je me suis trouvée plongée dans des ratiocinations, des circonvolutions torturées, une quête où le mysticisme et la noirceur l'emportent largement sur l'action et l'humour noir du volume précédent.
C'est toujours bien écrit, mais je n'ai pas retrouvé les personnages qui m'avaient séduite et je n'ai, purement et simplement, pas réussi à accrocher, même si la postface donne un autre éclairage qui peut en partie justifier les choix de l'auteur. Dommage...