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Sous ce titre étrange, l'auteur nous propose de suivre quelques jours de la vie d'une famille presque ordinaire, en mettant les femmes à l'honneur. Mary rend visite à sa grand-mère hospitalisée, en fin de vie mais toujours très alerte, accompagnée de sa mère. Les trois femmes partagent ainsi des moments tendres et drôles de complicité féminine, savourant ces derniers instants à trois. Chaque jour qui passe rapproche Emer de la fin, mais elle tient encore bon. Un soir, en rentrant chez elle, la jeune Mary fait une drôle de rencontre, qui se répète les jours suivants, avec une dame
étrange qui semble la connaître. En se rapprochant d'elle, elle va découvrir avec étonnement qu'il s'agit du fantôme de son arrière-grand-mère (c'est-à-dire la mère d'Emer). C'est donc avec ces quatre femmes que le roman se déroule, offrant tour à tour leurs points de vue respectifs sur des éléments importants de leur vie. Emer a perdu sa mère très jeune, de la grippe, et cette dernière, inquiète de ne pas pouvoir protéger sa toute jeune fille, est "restée" près d'elle sous forme d'un fantôme. Alors qu'Emer s'apprête à mourir, elle veut lui faire savoir qu'elle est là, et que tout va bien se passer. Le côté "road-trip" annoncé en résumé est en fait le dénouement du roman, ne vous attendez donc pas à lire un récit au rythme trépidant, mais plutôt à partager un moment digne d'un bon repas en famille, plein de nostalgie et d'affection mutuelle.
Si le thème semble étrange, je dois avouer que la lecture est assez facile, le ton plutôt léger, et que ce roman offre une très belle approche de la fin de vie, du deuil, de la filiation et de l'héritage familiale. La tendresse qui émane de ces quatre femmes à la langue bien pendue (c'est de famille! ) rejaillit sur le lecteur, et c'est pourquoi ce livre plaira à des jeunes dès 11 ans autant qu'à des lecteurs/lectrices plus mûr(e)s, qui seront touché(e)s par le ton très juste adopté par l'auteur.
Chaque nouveau Marie-Aude Murail est une promesse de belle lecture, et celui-ci ne déroge pas à la règle. Les personnages de ce roman ont chacun un caractère très différent des autres, et c'est la grande force de ce livre. En peu de pages, on a l'impression de les suivre au jour le jour, et en le refermant, on a le sentiment de quitter de vieux amis.
La grande originalité de ce texte, qui m'a un peu déstabilisée au départ, est la narration avec le pronom "nous", mais sans jamais savoir lequel des trois parle, vu que le "je" est absent (rassurez-vous, les tous derniers mots du livre
apportent une réponse! Mais en même temps, après avoir lu l'ensemble, l'envie de savoir qui raconte est moins présente à l'esprit). Cette pirouette littéraire donne un relief particulier à l'ensemble. Nous découvrons l'intimité et les émotions des trois adolescents, tout en conservant un regard assez neutre, sans prendre parti ni juger leurs réactions. Ce "nous" impersonnel permet à la fois, et c'est assez magique, de plonger au coeur du récit, tout en gardant un certain discernement, une distance avec les personnages. Bref, on oscille entre de multiples sensations de lecture, et on suit avec délectation l'apprentissage de Chloé, Bastien et Neville, tous tourmentés par leur propres démons, mais qui ensemble vont se construire en tant qu'acteurs, et au-delà, en tant que personne. L'amour qui les unit est fort et flou, fou et brut. On s'attache vraiment à ce trio et à leur professeur loufoque, et en refermant ce livre, comme souvent avec cette auteure, on a de la joie dans le coeur, mais pas envie que ça soit fini !
Un récit fort et un témoignage important
Attendre, sans savoir quand cette attente s’arrêtera, ni ce qu’on découvrira, après…
De cette période hors du temps, sa vie suspendue à l’attente, littéralement, l’auteure fait émerger des réflexions tantôt brutales et désarmantes, tantôt profondes et existentielles sur le simple fait de respirer, sur le poids des mots, sur le regard de l’autre, sur le corps et sur la vie.
De cette fermentation du temps jaillit un levain riche dans lequel des bulles d’introspection éclatent en grandes interrogations. Un regard intérieur unique et mordant sur l’attente de la greffe, important, rare et précieux.
Cette lecture, rapide sans être simpliste, et d'une grande qualité littéraire, résonne longtemps.