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À découvrir
Cette parution pourra-t-elle enfin sortir l'auteur de l'enfer où l'ont confiné ses contemporains Voltaire et Rousseau ? Trouvera-t-il en fait d'autres lecteurs plus attentifs à sa pensée ? Elle est dans ce petit livre au service d'un Dieu, le Plaisir qui selon lui nous gouverne tous. Après mille précautions pour être un fidèle interprète et dévot et avoir écarté les fausses définitions comme ses faux représentants, il peut enfin ouvrir les portes du feu de la volupté. Il fait alors appel et dialogue avec un panthéon de figures mythiques et littéraires pour être à la hauteur de ce grand sujet et le peindre. En révélant tous ses aspects dans une succession baroque et étonnante de tableaux justes et précis, il prodigue ici et là quelques conseils sachant bien qu'au départ la parole est hélas un faible organe du sentiment. On aura jamais aussi bien peint, je pense, la volupté des cœurs et il nous enjoint à ne jamais reculer ou à être trop tiède : "l'amour se gagne à être vu de près". C'est élégant et profond, plein de vérité et fort d'une belle manière de peindre. Michel Onfray qui lui écrit une préface voit en lui "un libertin libertaire", ce qui n'est peut-être pas l'aspect le moins lumineux des lumières. C'est un petit livre à emmener avec soi pour revoir Boucher et Watteau ou à compulser avec délectation après quelques baisers de feu avant d'aller vers d'autres transports amoureux.
Certains sujets semblent être fait pour Didier Daeninckx...
Nul n'est meilleur que lui en effet pour nous raconter la Seine qui déborde et la neige qui empire les choses dans un Paris des années 50 où la dernière guerre semble déjà loin et dans l'histoire de chacun. Il tend des passerelles entre La grande Histoire et la petite, nous conte l'histoire de petits et de grands héros, et en selle derrière Willy Ronis, on mène l'enquête, on s'assoit pour écouter quelqu'un qui raconte et on voit bien que toujours la politique le dispute à l'humanité...
Un morceau d'histoire et un concentré
d'humanité !
La bible Erwitt
La chose est à répéter : "aucun recueil comparable". C'est bien la bible, peu chère, du célèbre Elliott Erwitt que l'on a pris l'habitude de découvrir régulièrement en librairie en morceaux. L'édition est non exhaustive mais vaste. Il fallait sans doute un format pareil pour cet authentique globe-trotter de la photo membre de l'agence Magnum dans les années 40. Sa couverture blanche accueille à merveille ce maître du noir et blanc. Les entrées : lire, se reposer, toucher, se tenir debout, parler... surprennent. Un classement thématique qui aurait pu être réducteur mais s'avère très pertinent. Ses armes, le Leica M3 et des pellicules Kodak tri-x et Ilford hp4, un art consommé du noir et blanc qui fait dire de ses photos qu'elles restent gravées. Une obsession dans son "obéissance créative" qui lui permit de gagner sa vie, capter "l'instant impossible", le heureux hasard ou "l'instant décisif" comme l'appelait Cartier-Bresson. C'est le premier shoot qui compte et en maître de la composition, aucune retouche n'est nécessaire. On voyage mais c'est aussi l'Amérique des trentes glorieuses qui ressort, un monde d'avant, différent, un peu surrané mais dont on apprécie la fausse simplicité qui la rend. Attention à ne pas l'apprécier seulement du premier coup d'oeil... Les éditions Phaidon ont augmenté la dose par des séries de portraits juxtaposés et ont intelligement mis en duo, en regard certaines photos qu' il aimait lui-même mettre en regard. Tragédien et journaliste, on a là un maître d'un art presque perdu et une somme qui devrait je l'espère inspiré d'autres éditeurs photos...