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J'apprécie particulièrement cette série parce qu'elle met en avant le même couple dont on suit l'évolution au fil du temps, ce qui démontre bien que rien n'est figé, rien n'est simple et surtout leur relation n'est pas acquise une fois établie. Elle demande de l'entretien et l'état d'esprit vacillant de Lucky le prouve bien. L'ancien délinquant développe une sorte d'angoisse à l'idée de tout ce qui pourrait mal tourner à cause de leur travail et des conséquences que cela engendrerait. Son inconscient élabore toutes sortes de scénarios, il a du mal à s'affranchir ce cercle vicieux
qui en devient un peu rébarbatif, mais qui reste réaliste je pense. Surtout, Lucky peine à exprimer ses sentiments de vive voix. Alors il décide d'essayer plus fort de témoigner son amour à son compagnon, ce qui donne lieu à quelques douleurs émotionnelles. Dans l'ensemble, j'aime la dynamique de leur couple.
Tout ceci se transpose dans une intrigue à l'ambiance plus nostalgique, mais non moins suspicieuse. Blessé par ses parents qui l'avaient déshérité, Lucky est toujours perturbé par cet acte injustifié et ressasse le passé. Mais est-il prêt à entendre la vérité ? Ce n'est certainement pas ainsi que Lucky imaginait revoir sa famille, mais les retrouvailles sont touchantes. L'autrice arrive toujours à mêler les affaires du SNB à l'aspect plus personnel. C'est plus léger ici, et je suis frustrée d'un manque d'informations, mais c'est bien fait. En dehors de ses rapports compliqués avec chaque membre de sa famille, la tournure que prend son amitié avec Johnson me plaît beaucoup.
Malgré de nombreux non-dits sentimentaux, les tourtereaux nous offrent de beaux moments de réconfort et de tendresse. Maintenant, j'espère que l'histoire virera du côté de Bo sans tarder. La narration se penche plus dans la tête de Lucky, et c'est un peu dommage.
Ce n'est pas l'histoire d'une relation, mais de quatre, distinctes et interdépendantes : la relation entre les trois personnages et les relations de parité entre les membres de ce trio. C'est ainsi que cela commence, par les interactions de chaque pairs avec leur cadence propre, qui se développent jusqu'à l'union de l'ensemble. C'est différent de ce que je lis d'habitude dans les trouples, mais l'autrice a fait ça tellement bien, que cette évolution se révèle spontanée. L'histoire repose sur plusieurs bases, mais le point central réside dans la psychologie des personnages et la palme
revient à Cass, dont la personnalité est incroyablement creusée.
Hanté par son passé, Cass pense qu'il ne mérite pas l'amour de Tom ni sa réussite professionnelle. C'est un combattant submergé par la culpabilité de sa situation alors que d'autres n'ont pas eu cette chance. A l'opposé, Tom vient d'une famille simple et aimante, alors que leur relation apparaît de plus en plus compliquée et entravée par le traumatisme de Cass. Ses sombres souvenirs resurgissent par bribes. L'arrivée de Jake est comme un caillou jeté dans la mare et dont les ondes font des remous. Malgré lui, il met en lumière leurs failles et ce n'est pas beau à voir. Il va les obliger à mettre des mots sur leur mal-être. Jake a ses propres soucis avec son syndrome, qui l'isole un peu du reste du monde, même s'il m'a semblé plutôt bien le vivre au quotidien. Il se sent d'abord illégitime entre Cass et Tom, jusqu'à trouver sa place et créer un nouvel équilibre, à la fois au niveau personnel que professionnel.
L'intrigue mêle habilement la dynamique du groupe et leur affaire de restauration. Elle tisse une toile qui m'a bouleversée quand j'ai pris conscience des blessures cachées derrière. Rapidement, ils apparaissent comme des bourreaux de travail, y mettent toute leur énergie, jusqu'à s'épuiser pour éviter d'affronter leurs émotions. J'ai adoré cette plongée dans le monde culinaire et dans l'organisation de leur chaîne, bien qu'on ne rentre pas trop dans les détails. Certains passages étaient alléchants et d'autres ont fait saigner mon cœur.
Une lecture intense !
Entre Léonard et Aurélian, ça commence mal dès leur rencontre, même pas officielle, en dehors du terrain. Transféré de Bordeaux, Aurélian souhaite mettre à contribution sa perception différente et ses compétences pour soutenir sa nouvelle équipe. Ce n'est pas au goût de Léo, qui le prend en grippe d'entrée de jeu. Il voit en son équipier un adversaire menaçant sa place de capitaine. Il s'accroche à son poste de meneur comme à une bouée de sauvetage. Ce sport, c'est la seule chose qui le fait vibrer, lui donne l'impression d'être vivant. Son comportement haineux cache une souffrance qu'il semble entretenir de lui-même. Plus on avance dans le récit, moins je comprenais Leo, j'étais confuse devant son obstination à contrer Aurel à chaque occasion. Il se cherche des excuses pour justifier ses insultes. Aurélian subit et résiste, car il perçoit son tourment au-delà, mais la carapace de son vis-à-vis est solide.
Entre les deux jeunes hommes, la tension ne cesse de monter, jusqu'à l'affrontement, verbal dans un premier temps. Les dialogues sont constructifs, mais la réaction butée de Léo est désespérante. Au fil des pages, malgré cette distance avec le personnage de Leo, j'ai été touchée par ces passages où il laisse entrevoir sa douleur. Le suspense est à son comble, quant au secret du capitaine. Il évoque quelques souvenirs, de quoi nous faire trépigner de plus belle. Je me suis retrouvée désarmée et les larmes aux yeux devant ses confidences. Et si ses révélations sont à la hauteur du mystère, elles n'éclaircissent que le point d'impact et non ses conséquences. Je suis impatiente d'en apprendre plus, afin de comprendre le personnage. J'espère également que l'on abordera davantage la famille et l'amitié. Et en même temps, j'ai l'impression que si cela reste en retrait, c'est dû à la psychologie des personnages et à leur rapport avec leur entourage.
Les émotions sont exacerbées par la plume qui par un fait étrange fait ressortir toutes ces choses que l'on tait. Qui l'emportera de la détermination d'Aurel ou de l'obstination de Léo ?