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Le roman s'ouvre sur un enterrement, celui de Molly. Ses anciens amants et amis sont présents. Clive, compositeur est l'un d'entre eux. C'est lui le héro du livre. Ce créateur, mégalo ( il écrit la symphonie du nouveau millénaire) est en proie à la jalousie, face aux hommes que Mollie a connus. Lui-même a été son amant sur deux périodes de sa vie. Alors que la mort de son amie l'angoisse et lui fait prendre conscience de la futilité de la vie, il se réfugie dans un rêve de nature (la région des lacs), qui lui apporte un certain apaisement. Le deuxième personnage principal de l'histoire
est Vernon, rédacteur en chef du Judge. Clive et Vernon sont amis de longue date – mais s'agit-il vraiment d'amitié ? Tous deux ont fréquenté Mollie. Femme libre, Mollie n'a appartenu à personne, à aucun homme. Seule la maladie a eu raison d'elle, et peut-être Georges tout compte fait, George qui agace terriblement Clive et Vernon.
Cette histoire de jalousie et de haine, plus que d'amitié, fait glisser Clive et Vernon vers la folie. La région des lacs ne parvient pas à sauver Clive. A l'aube du XXIème siècle, la rédemption semble impossible dans le roman de Ian Mc Ewan. Les personnages, hommes plus usés que mûrs, sont bien parvenus à une réussite professionnelle et sociale, mais très fragile. Ils sont sur le fil du rasoir, prêts à basculer. Si l'auteur nous livre une image idyllique d'Amsterdam à la fin, elle est à prendre au second degré, et chargée d'une ironie qui caractérise bien son écriture.
Ecrivain-magicien, Michel Bussi sort sa plume de son chapeau et nous en met plein la vue. Auteur tout puissant, qui n'en est pas à son premier succès, il tisse son histoire avec une virtuosité époustouflante. Le lecteur, comme les personnages, se trouve pris au piège de cette gigantesque toile d'araignée, incapable d'anticiper et de s'orienter, groggy par les multiples rebondissements, et toujours hors d'haleine, tant le suspense est grand.
Les ingrédients de cette potion magique sont nombreux : un grand talent littéraire, évidemment, le choix d'un lieu magnifique, Etretat, qui porte
le récit, la musique très présente du festival Riff on Cliff, et aussi à travers le personnage de Chichin, enfin surtout le jeu d'écriture. Michel Bussi interpelle son lecteur, et s'en moque gentiment. Il s'amuse avec le personnage de Mona, tout droit sorti d'un livre de conte pour enfants, tantôt souris, lapin, chat, et musaraigne. Il joue avec ses personnages qui en cachent d'autres, se dédoublent, et se confondent. Il distille aussi quelques clins d'oeil – hommages à Hitchcock et Maurice Leblanc. On imagine assez bien le plaisir qu'a pu connaître l'auteur à l'oeuvre de ce polar qui est loin d'être tout noir, grâce au registre de la littérature enfantine où il puise immodérément son vocabulaire.
Impossible de dévoiler l'intrigue, qui couvre une période de dix années, de 2004 à nos jours, il faut se contenter simplement de la qualifier de très bien ficelée, avec une dimension tragique du héro, Jamal, victime née, issu des banlieues, écrasé par la fatalité de son destin. Pas de happy-end, incompatible avec tout bon roman policier, le récit se referme en boucle de façon magistrale.
Attention, à la lecture de N'oublier jamais, il est possible de développer une phobie des hauteurs et de ne plus jamais pouvoir approcher les falaises d'Etretat !
Fans des 60's
Yves Pagès livre ici souvenirs et réflexions divers en vrac, semble-t-il. Son texte fait office de vide-poche de la mémoire, sans construction ni cohérence apparente. Ce sont des instantanés du quotidien plus ou moins personnels. Il en a fait une liste, comme on établit sa liste de courses. Il y a du vécu, et même que du vécu, avec des souvenirs récurrents de sa mère, surtout, et de son père, aussi, Robert Pagès, psychologue, fondateur du laboratoire de Psychologie Sociale, et homme de gauche, qui lui a transmis, on peut le supposer, un héritage idéologique non négligeable.
Sur un ton emprunt d''ironie, d'autodérision, parfois de cynisme, Yves Pagès jette des phrases qui se révèlent particulièrement évocatrices, si l'on appartient à sa génération. Comme lui, celles et ceux nés dans les années 60, se verront plongés dans l'univers familier des collèges non-mixtes, de Cria Cuervos, des années Punk, de l'été 76, de Jules et Jim, du Sida, de l'apparition de l'informatique, des phares et des bandes jaunes. Il en ressort une impression de temps qui passe, pas nécessairement colorée de nostalgie. On comprend que l'auteur a fait ici un travail sur la mémoire, et sur sa mémoire personnelle, un peu brut, mais sans doute qui lui était nécessaire pour continuer son chemin. Son objectif semble bien être de se libérer de pensées plus ou moins encombrantes. On trouve page 18 une réflexion sur la nécessité de l'oubli qui va bien dans ce sens.
Yves Pagès aborde à plusieurs reprises ses débuts d'écrivain, ses amours de jeunesse, et aussi des faits de société, tels que tabac et chômage, twitter, avec toujours ironie et subtilité. De la même façon que l'auteur nous dit avoir pour habitude de ne pas finir ses phrases dans le langage parlé, son Souviens-moi reste en suspend. Et il ne peut en être autrement puisque la liste de réflexions est infinie.
On pourra lire ce recueil avec amusement, à la plage , et même en faire profiter son voisin de serviette, ou encore dans une salle d'attente, dans un train, entre Paris et Tours, ou dans sa cuisine ( on y trouve quelques recettes ).