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À découvrir
J'étais passé au travers de sa première enquête. Ce fut donc une découverte pour moi.
Et je pense que je rattraperai cette petite erreur rapidement.
En effet, même si la construction est celle d'un polar classique, Le Papillon de verre est un thriller réussi.
Après un démarrage plutôt lent qui m'a posé quelques soucis, l'intrigue entre dans son rythme de croisière et ne lâchera plus. Bien au contraire même tant ce thriller noir devient haletant.
Le sujet est dur, voire très dur. Encore une fois, la littérature noire permet de traiter ce "genre de sujet". Maltraitance, maladies
psychiatriques, souffrance, enfance et vieillesse... c'est souvent lugubre et froid.. ca vous donne régulièrement des frissons.
Les personnages sont nombreux (sûrement trop d'ailleurs ce qui explique mes difficultés à rentrer dans ce livre ). La plupart sont attachants et on prend plaisir à les voir évoluer.
Vie privée et vie professionnelle sont régulièrement mélangées, ce qui explique pas mal de choses mais.. pas que ;)
Je vous laisse découvrir.
Enfin, le lieu: le Danemark. L'ambiance scandinave, le milieu nordique... bien dépeint bien mis en valeur.
Et finalement un système de santé loin d'être infaillible... contrairement à ce que l'on pourrait imaginer.
Une enquête plaisante au coté de Jeppe Korner et son équipe. Mention spéciale pour Annette, sa coéquipière jeune maman et par conséquent en congé maternité... officiellement...
L'instinct...ou la bêtise ? A vous de juger :)
4/5
Nous avons tous, un jour ou l'autre, vu une série... ou deux, ou trois... On en est devenu addict tant nous avions envie de connaître la suite... Non ?
Et il fallait attendre la semaine suivante, voire 15 jours en période de fêtes.
C'est fini ! Aujourd'hui, avec les DAN (expression choisie par l'auteur pour Disney / Amazon Prime Video / Netflix), tout est disponible de suite, tout est à portée de regard. De consommateur glouton, nous sommes devenus des binge watcher.
Pour autant, une série est-elle dénuée de messages ? N'est-elle pas aujourd'hui le meilleur outil politique pour
justement faire passer ceux-ci ? Ne contribue-t-elle pas à l'évolution des mœurs ? à la représentativité des "minorités" ?
C'est tout cela que Virginie Martin étudie, analyse en profondeur et restitue parfaitement dans son nouveau récit Le charme discret des séries. Géopolitiques, ouvertures au monde, politiques, lanceuses d'alertes, les séries disposent d'un réel pouvoir. Virginie parle de soft power.
Très documenté et riche, vulgarisateur et éclairant sur nos habitudes, cet ouvrage est captivant et il est difficile de le lâcher une fois dans les mains. Tout s'enchaîne avec fluidité et clarté. Même si Virginie adopte un top pédagogique, le but n'est pas d'imposer son avis mais de susciter le questionnement de chacun, la sociologue et la politiste ne sont jamais loin ;-)
Une vraie réussite, un incontournable pour avoir l'esprit critique et regarder d'un autre oeil à l'avenir nos épisodes favoris.
Je recommande très fortement la lecture.
Merci Virginie
Mi roman, mi récit, ni réel ni fictionnel, psychanalytique (Lacan) et philosophique (Freud), La fin des idoles est surtout un portrait, un miroir de la société actuelle avec tous ses travers. L’image, l’égo et leur importance,! Qui n’a jamais rêvé d’être célèbre et reconnu? D’apparence si facile (et tellement trompeur) aujourd’hui avec les réseaux sociaux…Manipulation, influence et autres jeux de rôles afin de se mettre en avant, d’être reconnu, d’être l’idole des idoles… cela fait froid dans le dos mais finalement cela est tellement vrai. A l’heure de la
« BFMïsation » des esprits, les analyses de Nicolas Gaudemet sont aussi fouillées, intelligentes que tristes.
L’écriture est fluide, agréable à lire. Les mots sont recherchés, les phrases subtilement construites et cerise sur le gâteau on trouve des conjugaisons anciennes. Tout est parfaitement ficelé et maîtrisé. La plume est vive et acérée, le rythme haletant à l’image d’une série TV.
En parlant TV, on y retrouve d’ailleurs nombre de personnalités avec leur vrais noms (sans exhaustivité, Yann Barthes, Natacha Polony, Alain Finkielkraut, Luc Ferry, …) ainsi que d’autres sous pseudonymes. Un élément supplémentaire qui corrobore l’ultra-réalisme du récit.
Profond, impactant et très marquant, La fin des idoles de Nicolas Gaudemet est pour moi une révélation et un très grand livre. Quelle virtuosité! Quel talent! Je vous le recommande très fortement.
Chronique plus détaillée sur mon blog: https://alombredunoyer.com/2018/03/09/la-fin-des-idoles-nicolas-gaudemet/
Autant le dire d'emblée, Elastique nègre ne plaira pas à tout le monde. Multiplicité de points de vue, enquête atypique,... il n'est réellement pas simple de lire cet ouvrage. Qu'en penser? En ce qui me concerne je ne peux pas dire que je n'ai pas aimé puisque j'ai réussi à le lire en entier, que j'ai trouvé l'intrigue plutôt bien faite et que j'ai noté de belles descriptions. Mais je suis loin de l'avoir compris et aimé... Je ne suis jamais réellement rentré dedans malgré mon insistance et ma volonté... Impossible pour moi d'adhérer aux personnages par exemple :( Je suis donc
certainement passé à côté de plein de choses... et c'est dommage.
Il n'empêche, c'est un ouvrage qui mérite d'être découvert. 3/5
Un sympathique premier roman qui se lit facilement mais qui a des longueurs. Si on s’attache aisément aux personnages grâce à la plume fluide de l’auteur, on peut regretter que le rythme soit si lent. Cela désarçonne par moment le lecteur qui se demande où celle-ci veut en venir.
Il n’empêche cette intrigue inspirée de faits réels (ni un polar, ni un thriller, ni un roman mais un peu de tout cela en même temps !) est très agréable à lire et je ne peux que la conseiller. Très documenté et argumenté, j’ai aimé découvrir à travers les différents chapitres l’Amérique
du début du 20ème siècle avec ses gangs, ses grèves, et ses mœurs si particulières. Cerise sur le gâteau, les explications de l’auteur dans les dernières pages renforcent ce sentiment que je lirai avec plaisir la suite des aventures des sœurs Kopp. Si vous cherchez une lecture agréable et instructive, vous passerez assurément un bon moment avec la fille au révolver.
3.5/5
http://alombredunoyer.com/2016/11/12/la-viande-des-chiens-le-sang-des-loups-misha-halden/
Version courte:
La viande des chiens le sang des loups est un livre qui ne peut laisser indifférent le lecteur!
Je dirai même que c'est un livre très clivant: on aime ou on n'aime pas. On accroche ou on n'accroche pas. On le lit ou on l'abandonne rapidement.
Car le titre, l'écriture, les personnages... il est impossible selon moi de rester indifférent.
En ce qui me concerne, je l'ai lu mais ne suis pas un grand fan de ce genre d'ouvrage. Je reconnais que l'écriture choisie - essentiellement
orale avec grossièretés et parler cru - convient merveilleusement bien au personnage principal Rory. On ne peut rester indifférent à ce dernier, on a envie de connaitre son histoire. Néanmoins je ne reste pas fan de ce style, ni du côté surréaliste de l'histoire.
En résumé, c'est un conte noir original et atypique que j'ai parcouru sans passion particulière. Certains adoreront, d'autres détesteront.
Bonne lecture :)
http://alombredunoyer.com/2016/08/18/repose-toi-sur-moi-serge-joncour/
Après l’excellent et remarqué « L’écrivain national » sorti en 2014 et qui fut finaliste du prix Renaudot, Serge Joncour nous propose pour cette rentrée littéraire 2016 Repose-toi sur moi son dernier opus.
« Parfois, à de petits carrefours inattendus de la vie, on découvre que depuis un bon bout de temps déjà on avance sur un fil, depuis des années on est parti sur sa lancée, sans l’assurance qu’il y ait vraiment quelque chose de solide en dessous, ni quelqu’un, pas uniquement du vide, et alors
on réalise qu’on en fait plus pour les autres qu’ils n’en font pour nous, que ce sont eux qui attendent tout de nous, dans ce domaine les enfants sont voraces, avides, toujours en demande et sans la moindre reconnaissance, les enfants après tout c’est normal de les porter, mais elle pensa aussi à tous les autres, tous ceux face auxquels elle ne devait jamais montrer ses failles, parce qu’ils s’y seraient engouffrés, ils ne lui auraient pas fait de cadeaux. Ils sont rares ceux qui donnent vraiment, ceux qui écoutent vraiment »
Aurore a tout pour être heureuse. Styliste réputée, elle est propriétaire de sa marque de vêtements Aurore Dessage. Mère de deux enfants, mariée à un riche homme d’affaires américains, elle vit dans un luxueux appartement à Paris.
On ne peut en dire autant de Ludovic. Ce provincial, agent de recouvrement de dettes, a quitté la ferme familiale et sa vallée du Célé suite au décès de sa femme Mathilde il y a 3 ans. Il vit depuis seul dans un petit appartement parisien qui ne paye pas de mine.
« dans une vie le drame est toujours là à roder, tout près de tout abîmer. »
Tout semble opposer ces deux individus si ce n’est le fait qu’ils partagent une cour arborée commune (leurs deux appartements se faisant face dans le même immeuble). Si ce n'est que l'un comme l'autre doute, s'interroge, ... La citation qui suit résume à elle toute seule tous ces tourments.
« En se serrant contre cet homme, en s’y plongeant avec tout ce qu’elle mobilisait de forces, elle embrassait l’amour et le diable, la peur et le désir, la mort et la gaîté, elle avait la sensation de se perdre en plein vertige dans ces bras-là, d’être embarquée dans une spirale qui n’en finirait jamais de les avaler. »
L’auteur utilise d’ailleurs beaucoup ce processus d’opposition des genres : la ville vs la campagne, la famille vs la solitude, la pensée vs la réalité, les idées vs les faits, la face visible et la face cachée de l'humain…
« En ville la solitude a un écho démesuré. Il aurait cru que ce serait le contraire, qu’en ville, vivre seul serait un genre de bienfait, une bénédiction, la compensation de toutes ces heures occupées à évoluer au milieu du monde, à être sans cesse entouré. En fait non. »
« A la campagne l’extérieur n’était jamais hostile, dans le froid il bougeait toujours, il ne faisait jamais de surplace, pas même à la chasse, à la limite il aimait bien se faire secouer par un coup de gelée ou une bonne pluie, marcher dans la neige aussi bien qu’en plein cagnard, alors qu’à rester planté sans bouger dans le souffle de ces deux avenues immenses, deux nationales aux perspectives interminables, il était pris de tremblements, comme s’il ressentait l’instant exact, la seconde précise où il attrapait froid, c’était curieux de concevoir ça, pourtant il demeurait immobile, se croyant le plus fort encore une fois. »
Et pourtant… une rencontre fortuite dans cette « petite campagne » va bouleverser la vie de Aurore et Ludovic. Une histoire de corbeaux en est l’origine : leurs cris effrayant et rendant hystérique la femme, l’homme décide de lui venir en aide et d'éliminer les oiseaux.
En fin de première partie, le décor est ainsi planté. Malgré les apparences, on est loin d’une intrigue banale. C’est tout l’art de l’écriture de Serge Joncour. Tour à tour intimiste, tendre, drôle, touchante, poignante, abrupte, hypnotique et finalement addictive, sa prose nous envoûte, nous émerveille, nous émeut et au final nous séduit véritablement.
Les chapitres sont majoritairement courts, l’alternance descriptions et dialogues donne un vrai rythme. Les phrases sont longues, douces, mélodiques, poétiques. Elles nous plongent dans les pensées des deux personnages, leurs questionnements, leurs souhaits et leurs contradictions, décryptent leurs faits et leurs actes.
« Cette femme représentait bien tout ce qu’il détestait de Paris, tout ce qui le rejetait, tout ce qu’il aurait dû fuir, et pourtant elle l’attirait. Tout d’elle l’attirait. »
« plus que jamais elle avait réalisé à quel point cet homme lui échappait complètement, qu’ils n’avaient rien en commun, rien de familier, et malgré ça, à ce moment précis, il était l’être duquel elle se sentait le plus proche, le plus intime. En plongeant sa tête dans son cou, les yeux fermés elle se dit, Je ne le connais que depuis un peu plus d’un mois, mais il est entré en moi par une porte cachée, secrète, que lui seul a su trouver… »
Cela rend surtout Aurore et Ludovic terriblement attachants. On est à leur côté, on sourit ou on souffre avec eux. Plus on avance dans les pages, plus la lecture est agréable, plus on savoure et on a envie de savourer. J’ai eu beau essayer de ralentir mon rythme, j’ai dévoré et avalé la dernière partie à vitesse grand V tellement cet opus est addictif. Il a été impossible de ne pas me sentir concerné tant cela me touchait et me marquait.
C’est aussi un roman contemporain et engagé à l’image des valeurs de l’auteur. Les travers du business actuel sont largement abordés avec finesse :
« parce qu’eux ils savaient bien que dans les affaires il ne faut jamais chasser seul mais toujours en meute, que dans les affaires il ne faut jamais s’isoler, il ne faut jamais partir seul sans s’assurer de ses appuis, à moins de chercher à se faire bouffer. »
Ou force :
« Le business, c’est soit tu bouffes les autres, soit tu te fais bouffer ».
Souvent avec justesse :
« C’est pourtant vrai, il ne suffit pas d’être génial pour réussir, il faut surtout anticiper, dans la vie c’est toujours ceux qui ont un coup d’avance qui réussissent, pas les surdoués ! »
« Il ne priverait personne de ce cadeau. » est la dernière ligne des 427 pages de ce formidable livre. Merci Serge de nous avoir offert ce grand moment de sérénité, de beauté, d’humanité, d’introspection, de questionnement, de joie, de vie, d’amour… Que serait la vie sans l’amour ? A quoi servirait ce dernier sans vie ? Parfois il faut savoir oser… Oser aller vers les autres, oser faire confiance à l’autre, oser se remettre en cause, oser desserrer la bride. Le résultat est bien souvent au-delà de nos espérances. Mais autant faut-il oser bouleverser ses habitudes, mettre un mouchoir sur sa fierté et accepter de se reposer sur quelqu’un d’autre comme l’ont fait nos deux protagonistes.
« C’est elle qui prit l’initiative, il avait des lèvres tellement charnues et douces qu’elle n’eut même pas le temps de se demander ce qu’elle faisait, elle n’eut pas le moindre mouvement de recul tellement elle les voulait encore ses lèvres, elle se plaqua cotre l’arbre, elle était éperdument exaucée, cette cour qui depuis des années lui donnait de l’énergie, cette enclave de sérénité, voilà qu’elle allait jusqu’au bout de cette promesse, pour une fois elle était au cœur même de ce refuge qui la protégeait du monde, il faisait nuit maintenant, et dans l’obscurité, sous ces feuillages, tout était plus sombre encore, parfaitement caché. »
Repose-toi sur moi est définitivement un ouvrage qui fait du bien, qui donne envie de lire, qui fait aimer la littérature, tout simplement une lecture indispensable de cette rentrée littéraire. Non, ne vous privez pas de ce cadeau, bien au contraire même. Je vous encourage très fortement à le réserver chez votre libraire ou bibliothécaire favori. Vous passerez assurément un merveilleux moment qui vous marquera longtemps. A lire, relire et transmettre.
Une dernière citation pour la route en guise de conclusion de ce billet :
« Quitter c’est se redonner vie à soi, mais c’est aussi redonner vie à l’autre, quitter c’est redonner vie à plein de gens, c’est pour ça que les hommes en sont incapables, donner la vie est une chose qu’ils ne savent pas faire. »
5/5 SUBLIME COUP DE CŒUR
Repose-toi sur moi Serge JONCOUR
427 pages - Editions Flammarion - Parution le 17 Août 2016.
http://alombredunoyer.com/2016/02/11/le-principe-de-parcimonie-mallock/
Le principe de parcimonie est le tome 5 des Chroniques Barbares de Mallock. C’est avec ce dernier ouvrage que je découvre l’auteur. Je mets à l’aise rapidement les futurs lecteurs : je n’ai éprouvé aucune difficulté de compréhension ni d’immersion dans l’équipe du commissaire Amédée Mallock. Il est donc tout à fait possible de démarrer avec cette enquête sans connaitre le passé de l’équipe, même si à l’instar de toute série, je suppose que lire les enquêtes dans l’ordre chronologique
apporte un plus.
« Il en découle le fameux principe du « rasoir d’Ockham », reprit le grand Kabyle en levant la paume de sa main droite pour signifier qu’il n’en-avait-pas-fini-silence-dans-la-classe ! On retrouve ce raisonnement chez tous les designers : « les sis best » ou « less is more ». Ce que certains ont appelé le « principe de parcimonie », la recherche permanente de la synthèse la plus… « légère » »
Avec la réception de cet opus démarrent les interrogations mais surtout l’envie de savoir : que signifie ce titre ? Que représente cette couverture, soit dit en passant qui est magnifique ?
En parcourant rapidement le fichier epub, je constate que le thriller est long (430 pages numériques, 540 dans la version papier) et découpé en 3 livres. Les chapitres sont courts dans l’ensemble, horodatés et chronologiques pour la plupart. Les dialogues, fréquents, alternent avec les descriptions, ce qui augure un rythme assez rapide de lecture. Le décor ainsi détaillé, entrons dans le vif du sujet.
« L’homme aime avant tout les certitudes. La vérité ou la découverte, le ciel, la mer, l’amour même, ne viennent que bien après. Les abîmes du doute ne sont pas faits pour lui. Bien au contraire. Ce sont ses certitudes, petites croyances ou grandes convictions, qui l’empêchent de trembler le matin et lui permettent, à la nuit venue, de s’allonger et de fermer enfin les yeux. »
Cela démarre fort avec le vol de la Joconde, au nez et à la barbe de tous les systèmes de sécurité et un artiste gravement blessé sur place. Et pourtant l’homme aime avant tout les certitudes comme l’écrit l’auteur et « la Joconde, dans sa prison de verre, est protégée à jamais des attaques des brigands ».
Le célèbre tableau réapparait le soir même, sous le rasoir d’un certain Ockham, qui la détruit avant de la mettre dans un bocal. Ça démarre très fort !
L’équipe d’Amédée Mallock (oui l’auteur et le commissaire ont le même patronyme !) qui a quitté le 36, quai des orfèvres pour le 13 est responsable de l'enquête. On suit en parallèle les minces avancées de cette dernière et les horreurs perpétrées par Ockham - le monstre habillé en polichinelle, terroriste mondialement connu autant adulé qu’haï - qu’on pourrait résumer par éliminer de la société à l’aide de son rasoir tout ce qui est inutile.
Il applique ainsi le principe de parcimonie sur les célébrités tels un homme politique, un religieux ou un philosophe. Il livre des bocaux avec un précepte chaque semaine au commissaire Mallock. Fait remarquable dans ce premier livre qui se termine par un drôle de rebondissement : il n’y a pas de meurtre.
« Il semble que la perfection soit atteinte non quand il n’y a plus rien à ajouter, mais quand il n’y a plus rien à retrancher ».
Par la suite, l’horreur monte d’un cran avec l’assassinat sordide de Jo, une coéquipière de l’équipe de police puis des crimes de plus en plus insupportables. Il y a une véritable montée en puissance de l’horreur au fil des pages. Il est à noter, comme si cela ne suffisait pas, la présence de quelques chapitres disséminés par ci par là, sur un jeune Erwan et ses hallucinations ? sa vie ? où l’horreur atteint son paroxysme.
« L’avenir de l’homme est dans le moins. »
La crue décennale de la Seine vient ajouter une difficulté supplémentaire dans l’enquête mais noie un peu aussi le lecteur à mon sens. J’ai eu du mal à voir l’intérêt de cet événement dans le déroulé de l’histoire… mais j’ai apprécié la façon subtile dont c’était narré.
Enfin, un nouveau coup de théâtre à la fin du livre 2 nous met définitivement en mode « Mallock Addict ». Le livre 3 est haletant et rapidement dévoré tant le suspense devient intense. Une course contre la montre à en perdre son haleine ! J’en ai déjà trop raconté je m’arrête ici et vous laisse savourer l’intrigue et sa chute.
« Vol de Joconde, tentative de meurtre au Louvre, armée de tarés bossus en latex rouge et bec d’Ibis découpant au rasoir des morceaux d’humains, ça ressemblait plus à une BD de Blake et Mortimer ou à une enquête d’Harry Dickson qu’à une affaire classique du 36. Etait-ce dû à la nouvelle adresse, et à ce fameux 13[…] »
Le style est fluide et agréable à suivre. La plume de Mallock est remarquable tant elle est superbe. Elle est plutôt atypique dans le milieu du thriller; elle ressemble davantage à celle d’un roman « dit classique ». Elle est vive, visuelle, descriptive et même souvent poétique. Un vrai régal de lecture qui donne un atout décisif dans l’adoption de ce thriller ! On est véritablement happé par l’intrigue.
Mallock le commissaire comme l'auteur réussit à nous faire ressentir les odeurs nauséabondes des rues de Paris immergées, à nous faire plonger par des mots et des phrases simples dans l'horreur pure (voire pire…) d'un acte aussi barbare qu'odieux ou dans l'anticipation terrifiante d'une prévision funèbre et sanguinolente (ah les rêves et les intuitions du commissaire…). Il prend un malin plaisir à lâcher quelques indices ou employer quelques phrases à double signification : en dire sans trop en dire pour appâter le lecteur. C’est du grand art !
On apprend enfin tout au long du livre à connaitre Mallock le commissaire, homme tourmenté au passé difficile. Des flashbacks dans les enquêtes passées, la perte de son fils Thomas qui serait, jusqu’à son dernier souffle, le supplice de Mallock », ses démons (le cigare, le whisky, …) mais aussi ses doutes et son manque de confiance en soi. Cela rend Amédée très attachant.
« Une angoisse chasse l’autre. En tout cas, chez Mallock, ç’avait toujours été comme ça. Il ne se souvenait pas d’un seul moment dans sa vie où les choses, autour de lui, s’étaient complètement apaisées. Il y avait toujours eu trop de pluie ou de vent, de froid qui givre ou de canicule qui brûle, toujours la sécheresse inquiétante dans les champs de son enfance, toujours les crues subites et les récoltes détruites. Chaque matin et chaque soir, son père regardait le ciel pour tenter de savoir d’où viendrait le prochain coup du sort. »
Vous l’aurez je pense compris, Le principe de parcimonie est un thriller réellement addictif, très prenant, dense, complexe, très noir, ultra-moderne (y aurait-il d'ailleurs une critique de notre société moderne dans cet opus? ;-) ) mais aussi culturel. Un vrai page-turner parfaitement et totalement maitrisé. Par moment, j’ai cru lire du Dan Brown, tant on voyage dans Paris (ses rues, ses cathédrales, ses musées…), on s’instruit (que cela soit dans le domaine de l’art, des sciences, de la religion ou des lettres) ... mais contrairement à Inferno par exemple, il y a ici une vraie intrigue aussi passionnante que travaillée.
« La cathédrale engloutie, vaisseau de pierre, se retrouvait au milieu de la partie la plus large du fleuve. Seine ou Amazone ? Quelle fabuleuse vision que ce navire conquistador enraciné en pleine jungle urbaine… cette titanesque caravelle flottant désormais sur une canopée liquide. »
Il était temps que je connaisse ce commissaire/auteur ! C’est une très belle découverte qui m’a vraiment donné envie de lire à la fois les précédents épisodes (j’ai déjà acheté les deux premiers tomes en version poche) mais également la suite. J’en redemande et recommande très fortement la lecture de cette histoire incroyable qui prend aux tripes !
4/5
http://alombredunoyer.com/2016/02/04/te-laisser-partir-clare-mackintosh/
Après avoir passé 11 ans dans la police, Clare Makintosh publie ce premier roman en Mai dernier en Angleterre. Il s'est vendu à 400 000 exemplaires et est déjà traduit dans plus de 20 pays.
Une fois n'est pas coutume, je n'évoquerai que très peu l'intrigue car cela gâcherait clairement votre lecture. Il est en effet impossible (ou presque) d'évoquer l'histoire sans "spoiler". Je me contenterai de vous dire que l'opus est divisé en deux parties équivalentes en nombre de pages (environ 200 chacune) mais très
différentes en intérêt ! Comme moi, je pense que vous allez être sacrément surpris.
"— Encore des livres ?
— C'est plus fort que moi, répond Patrick avec un grand sourire. Il y a surtout ici des livres de cuisine que ma mère m'a donnés, mais il y a aussi quelques polars. Je peux lire n'importe quoi du moment que l'intrigue tient la route."
J'ai failli abandonner plusieurs fois le livre dans la première partie tellement je m'ennuyais... Le rythme est lent à dramatiquement lent, l'auteur prend plus que son temps pour installer son thriller psychologique. Il ne se passe pas grand-chose: un "banal" semble-t-il accident de voiture un soir de pluie entrainant la mort d'un jeune garçon, le chauffard qui ne s'arrête pas, une enquête confiée aux policiers Ray et Kate et une femme qui disparait pour refaire sa vie. Cela apparait très classique...
Le style est fluide, les chapitres alternent entre l'enquête policière et la vie de Jenna dans son hameau anglais, les pages se tournent rapidement. Ce n'est guère palpitant même s'il faut reconnaitre que l'atmosphère de la campagne anglaise est joliment décrite. En résumé, l'auteur fait en sorte de nous endormir... jusqu'au twist très surprenant dans les dernières pages. Une merveille de rebondissement et de réveil du lecteur ! J'avoue que je ne l'avais absolument pas vu venir.
"C'était si difficile, ce juste milieu entre le coût d'une enquête et le coût d'une vie-une vie d'enfant. Comment pouvait-on mettre un prix là-dessus?"
A partir de là, vous aurez droit à une toute autre histoire et vous serez sur vos gardes pour essayer d'éviter de vous faire berner une nouvelle fois. L'ambiance se tend petit à petit, les rebondissements sont fréquents. L'intérêt va crescendo, l'adrénaline monte, monte au point que je n'ai plus lâcher le livre une fois les 2/3 atteint. On est vraiment dans un thriller efficace et parfaitement maitrisé.
"Tu étais dans tous tes états, mais ce n'était vraiment pas grave. C'était juste une chemise. Je l'ai posée et j'ai fait un pas en avant pour t'enlacer, mais tu as eu un mouvement de recul et mis un bras autour de ton ventre pour le protéger, détournant le visage en grimaçant. Tu redoutais quelque chose que je n'avais aucune intention de faire, qui n'avait aucune raison d'arriver.
Mais c'est arrivé. Et tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même."
L'écriture reste agréable et dépeint avec succès le côté psychologique des personnages. Ces derniers sont abordables et pour certains attachants (ou à l'inverse haïssables). C'est bien amené et ça justifie enfin (pour moi) l'intérêt de ce thriller.
Construit de manière originale voire déroutante, jouant sur les apparences, ennuyeux à souhait puis palpitant, je referme ce thriller avec un sentiment mitigé...
Les qualités de l'auteur sont réelles mais peut-être pas toujours bien exploitées... Seule la lecture de Te laisser partir peut vous permettre de comprendre pourquoi.
3/5
Convaincant
Non, la curiosité n'est pas un vilain défaut bien au contraire quand elle a trait à la littérature.
Quand le meilleur mentaliste français publie son premier thriller et que le club 12/21 me le propose en avant-première, je n'ai pas hésité un instant. Il "fallait" que je découvre et donne suite justement à ma curiosité. Qu'est-ce que ce thriller contenait? Comment Viktor parle de son métier en étant captivant et envoûtant?
3h plus tard, oui l'opus est court... mais addictif tant le rythme est rapide et entretenu au fil des pages.
Vous découvrirez l'envers du décor, vous découvrirez la duplicité de l'être et la noirceur du personnage... Vous découvrirez surtout l'emprise et le mot est faible d'Alexander Kreskine sur son disciple Sam.
Et vous suivrez l'évolution de ce dernier ...
Passionnant!
Ce n'est pas de la grande écriture mais c'est non seulement cohérent, mais surtout très agréable à lire et fortement glaçant. C'est noir, voire très noir par moments. Je ne m'attendais pas à autant de violence.
En refermant la dernière page, je suis satisfait et content de mon choix.
Viktor Vincent a su allier écriture et magie, intrigue réussie et mentalisme.
Ce n'est pas un coup de coeur mais un agréable moment de lecture.
Je suivrai avec plaisir les prochains écrits de Viktor Vincent.
4/5