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"Commencer pour un anniversaire, c'est jeter le calendrier, déconjuguer et disjoindre le temps pour le cribler de peut-être. Le commencement n'est pas une date mais un rapport au monde, l'expérience d'un essor (désir, utopie, révolte, révolution, création etc. peu importe le mot), le refus de se laisser impressionner par les entraves, un art de déborder hors des limites. Un mouvement à tenter en chaque lieu et chaque instant.
En tenir pour le commencement c'est donc refuser un trajet qui irait du déjà fait à l'encore à faire. Bien au contraire, si on dénit le vieux comme le déjà fait et le jeune comme modèle de l'inchoatif, c'est le jeune qui doit apprendre au vieux, en matière de commencement. L'ancien et le récent sont chronologiques, le jeune et le vieux sont des qualités qui se mesurent à leurs forces de commencement.
Si ce n'est que le jeune n'a rien à apprendre au vieux et que c'est mal le dire que de le dire ainsi. Pour commencer, il faut ne pas savoir ou savoir perdre la maîtrise que donne le savoir. Le commencement est le contraire d'une domination, il tire la langue à l'autorité. Pour commencer ensemble, il faut ignorer ensemble, une assez belle forme d'égalité quand on y pense. On commence, personne ne sait." ("Trois éclats de trompette ou le son d'un vacarme", p.
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