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Depuis le début du XXe siècle, le développement du sport moderne est légitimé par ses vertus supposées sur la santé physique comme sociale. Cette légitimation, d'abord circonscrite à ses promoteurs et acteurs puis aux divers entrepreneurs de morale, s'est propagée en même temps que se diffusaient les pratiques et que s'amplifiait la médiatisation des spectacles sportifs. Confortée par la réussite exemplaire de quelques sportifs d'origine sociale modeste et/ou issus de l'immigration, décuplée par la victoire de l'équipe dite " Black-Blanc-Beur " lors du Mondial de football de 1998, et relayée par les dispositifs institutionnels mis en place par l'État et les collectivités locales, la doxa du sport intégrateur est cependant remise en question depuis quelques années par des sociologues, philosophes et politistes.
À partir d'investigations mobilisant des méthodes (monographie, analyses statistiques secondaires, corpus d'extraits de presse) et des objets variés (depuis l'impact médiatique et politique de l'interruption du match France-Algérie, jusqu'à l'opposition symbolique entre la figure, suspecte, du sportif naturalisé et celle, glorieuse, du champion issu de l'immigration, en passant par la comparaison selon les contextes nationaux de l'utilisation du sport dans les politiques sociales ou de la place des clubs communautaires), ce dossier relativise cette croyance dans les vertus intégratrices du sport et interroge la fable de la citoyenneté par le sport.
Ce faisant, ce dossier contribue à remettre en cause le mythe d'un sport vertueux en soi