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Au service des objectifs les plus divers, les États contemporains sont amenés à intervenir de manière de plus en plus fine dans les tissus de leurs sociétés. On souhaitera ainsi promouvoir la santé publique en luttant contre le tabagisme ou l'insécurité routière, concevoir des prestations sociales plus adaptées à la diversité des situations individuelles, promouvoir un " apprentissage tout au long de la vie " qui équipe les citoyens pour la " société du savoir ", ouvrir les grandes options techniques à la participation démocratique.
De telles interventions supposent à la fois une connaissance détaillée de l'état des sociétés et la capacité d'anticiper leurs réactions à d'hypothétiques dispositifs. Elles supposent, en d'autres termes, une mise en œuvre improbable des sciences sociales. Improbable, parce que les sciences sociales sont souvent rétives à l' " instrumentalisation ", et ont pour la conjurer des arguments épistémologiques sérieux.
Improbable aussi en ce que les responsables de l'action publique sont souvent réticents à prendre en considération le temps et la logique propre de la démarche scientifique, sans parler de conclusions éventuellement gênantes. Les articles réunis dans ce numéro offrent un panorama géographiquement et sectoriellement diversifié, des Philippines à l'Ouzbékistan et du Cameroun aux Pays-Bas, de l'utilisation du savoir dans les politiques sociales, de même qu'une analyse des obstacles qu'elle rencontre et des échecs sur lesquels elle peut déboucher.
C'est par la compréhension de ces échecs que peuvent passer, inséparablement, une analyse scientifique plus précise du monde social et une amélioration des capacités d'action sur ses maux les plus criants.