En cours de chargement...
Aux doutes des profanes quant à l'" utilité " des sciences sociales répondent des incertitudes chez les professionnels : comment reconnaîtrait-on de " bonnes " sciences sociales et comment apprécierait-on leur " importance " ? À tel point que l'on peut avoir l'impression, au vu de la position des sciences sociales dans le débat public, que nul ne comprend leurs questions, et nul ne se soucie de leurs réponses.
On pourrait, certes, s'y complaire, mais à condition de renoncer à toute croyance dans la possibilité de transformations sociales progressistes. Heureusement, il y a de bonnes raisons d'être sceptique quant à l'existence d'une véritable alternative entre la qualité des sciences sociales et leur utilité. De bonnes sciences sociales peuvent permettre aux humains de donner un sens au monde social ; et en mettant les idées, les peurs, les intérêts, les valeurs, les relations des êtres humains au cœur des processus sociaux qu'ils reflètent et qu'ils façonnent, elles sont, par nature, à la fois participatives et démocratiques.
Inversement, en prêtant insuffisamment attention à elles, on fait apparaître les problèmes humains comme étant hors de portée des humains eux-mêmes. Des sciences sociales de qualité, en d'autres termes, sont à la fois sociales et scientifiques. Issu d'un colloque international sur " Les sciences sociales et les politiques sociales au XXIe siècle ", qui s'est tenu à Vienne en décembre 2002 sous l'égide du Conseil international des sciences sociales, ce numéro se propose de nourrir le débat sur les enjeux qu'appelle la promotion d'une science sociale plus sociale et plus scientifique.
Prenant particulièrement en compte le fait que les sciences sociales, pour le meilleur et pour le pire, engagent un certain genre de regard, qui s'encastre dans les techniques matérielles par lesquelles sont relevées, enregistrées, archivées et transmises des images de l'activité humaine et de l'existence sociale, ce numéro se penche sur les questions de données et de programmation, ainsi que sur certaines des dynamiques disciplinaires mises en jeu par de nouveaux sujets et des priorités transformées.