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Qui ne veut pas lutter contre l'économisme, qui n'est pas anti-économiciste aujourd'hui ? Que ce soit pour s'opposer aux fermetures d'usines, aux délocalisations, à la baisse des salaires ou, plus généralement, à la subordination croissante aux impératifs du marché de toutes les sphères de l'existence sociale - la culture, l'Ecole, le sport, la technique, la science, la politique, etc. -, tout le monde proclame fortement qu'il y a " autre chose " à prendre en compte que la nécessité économique.
" Autre chose ", mais quoi ? Faute de le préciser, le risque est de se cantonner dans un moralisme imprécateur et impuissant. Un des paris - à la fois théorique, anthropologique et existentiel - du MAUSS est que la racine première de l'économisme (du triomphe théorique et pratique de l'économie) est à rechercher dans une conception utilitariste (disons instrumentale) de l'homme et du monde, et que, symétriquement, c'est dans l'anti-utilitarisme (tel notamment que Marcel Mauss en dessine les contours dans son Essai sur le don) qu'il y a lieu de puiser les ressources d'un anti-économisme effectif.
Mais que doit-on entendre, en définitive, par " utilitarisme " et " anti-utilitarisme " ? Ce numéro, qui célèbre le vingt-cinquième anniversaire du MAUSS, tente une sorte de bilan de cette discussion en donnant sur ce point la parole à ses amis et alliés, mais aussi, comme à son habitude, à
ses adversaires.