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Ce numéro varié s'ouvre sur un dossier consacré au "monde du contact" entre les diverses composantes de la société coloniale algérienne de l'entre-deux guerres. Dans ces textes se croisent les regards de chercheurs européens et algériens, historiens et anthropologues. Les traductions locales des mobilisations du Front populaire à Oran dessinent entre milieux musulmans et colons européens des circulations inédites et éphémères autour d'un projet de réforme de la société coloniale.
Les limites de ce rapprochement sont éclairées par le foisonnement associatif des milieux réformateurs musulmans à Alger, le positionnement ambigu des journalistes musulmans et les perceptions de la colonisation par une société villageoise restée à l'écart de la présence européenne. A Alger, dans les années 1930, s'observe un glissement du réformisme avant tout culturel et religieux vers l'aspiration nationaliste à l'indépendance, glissement qui se reflète dans l'occupation de l'espace urbain et pénètre de nouvelles couches sociales.
Considérés a priori comme voués au mimétisme par rapport aux normes et aux usages de la presse métropolitaine, les journalistes indigènes ", fortement politisés, jouent le rôle d'éveilleurs d'une opinion publique musulmane ". Quant aux Béni-Boudouane, ils doivent à la colonisation la formalisation de leur existence en tant que tribu, mais ils ont surtout connu de la présence française son issue guerrière.
Cette problématique des fractures à retardement de la société coloniale est prolongée par l'article de Françoise Blum sur la révolution malgache de 1972. Le rejet du néo-colonialisme a beaucoup contribué au renversement du régime alors en place dans la Grande Ile, perçu en particulier par la jeunesse étudiante comme trop dépendant à l'égard de la France. En complément, Leyla Dakhli se penche sur les transformations des sources du travail historique à la lumière des récents événements de Tunisie.
Elle s'interroge notamment sur le statut et l'exploitation des matériaux issus du web pour écrire l'histoire des mobilisations sociales.