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A la suite des attentats de 2015, après la stupeur avait succédé une période frénétique où l'on prétendait faire la théorie de la radicalisation et de son traitement, souvent sans rapport concret avec la réalité. Ce n'est qu'à la fin de l'année 2017 que des enseignements tirés de l'expérience avaient commencé à s'imposer. Parmi les acteurs de terrain, des " psy " avaient accumulé les observations issues de leurs pratiques.
Les Etats généraux psy sur la radicalisation qui ont eu lieu à Paris, en novembre 2018, avaient pour but de mettre en commun leurs connaissances. Cet ouvrage rassemble les contributions de plus de 90 intervenants qui se sont relayés au plus près d'un phénomène qui a surpris par son ampleur, angoissé par ses menaces. La radicalisation touche majoritairement des jeunes, dont les deux tiers ont entre 15 et 26 ans.
Elle peut mener à la violence, mais pas nécessairement, non sans répandre la haine et l'insécurité diffuses. Il s'agit d'un ensemble de manifestations évolutives, aux ressorts multiples. Leur unification à travers la notion de radicalisation qui s'est imposée dans toutes les langues, fait ici l'objet d'une vigilance déconstructrice et critique. Etats de la radicalisation, le titre de ce volume, se réfère non pas à l'idée d'un inventaire, mais d'une exploration de problèmes réels, que l'on pourrait regrouper en trois pôles : la violence et la dangerosité, les difficultés du traitement, les dispositifs de prise en charge.
S'il est vrai que l'émanation idéologique de la radicalisation, dont il est question, ressortit à la crise contemporaine de l'islam, néanmoins il ne faut pas que son spectre islamoïde fasse oublier qu'elle appartient aussi à la fureur insurrectionnelle d'une époque, et qu'elle est déjà présente dans d'autres formes d'extrémismes identitaires. Fethi Benslama