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C'est une paire de claques qui m'a appris la tolérance. Elle me venait de mon père qui était l'homme le plus doux et le plus tolérant du monde. J'avais six ans. J'étais sur le balcon d'une maison qui donnait sur l'Isar, à Munich. Des hommes en chemise brune défilaient en chantant derrière les drapeaux frappés d'une croix gammée. Il faisait beau. C'était très gai. Hitler prenait le pouvoir. Les gens, dans la rue, saluaient le cortège.
Du haut de mon balcon, je me suis mis à applaudir. Mon père me flanqua une gifle. C'est la seule que j'ai jamais reçue. C'est la seule qu'il ait jamais donnée. Mon père haïssait la violence. Il haïssait la guerre. Il haïssait la haine. Il était bien obligé de haïr Hitler et le national-socialisme. J'ai appris à six ans que l'intolérance était intolérable et qu'il n'y avait pas de tolérance pour les ennemis de la tolérance.