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L'extension considérable de l'usage et des acceptions de la notion de médiation en sciences de l'information et de la communication pose problème. Nous avons pourtant pris le risque de la faire figurer deux fois dans le titre du dossier, car il est intéressant de coupler réflexion théorique et observation de pratiques dans des lieux communément considérés comme des lieux de médiation. Toute collectivité humaine organise les espaces dans lesquels elle vit à travers des pratiques matérielles et symboliques singulières.
Les lieux de médiation font partie de ces espaces et correspondent à une volonté politique d'institution et de monstration d'une certaine idée de la culture et des modalités de sa transmission. Tous les lieux étudiés ne se revendiquent pas comme appartenant à cette catégorie, mais sont des espaces pensés pour favoriser la rencontre entre des objets culturels et des visiteurs. Ils sont envisagés à la fois comme partie intégrante d'un dispositif de médiation et comme forme d'inscription de cadres institutionnels porteurs d'une certaine idée des liens qui peuvent se tisser entre un lieu de culture et ses publics potentiels.
Par ailleurs, la partition des espaces, l'agencement des locaux, le choix des thématiques abordées, l'ordre de présentation des objets, le choix des parcours proposés reposent sur des connaissances expertes qui se trouvent ainsi implicitement exposés. Cette mise en espace du sens fait l'objet de négociations entre les différents détenteurs des savoirs mobilisés. Ce sont donc aussi les rapports d'autorité et de pouvoir qui sont rendus visibles dans la mise en exposition et ce d'autant plus fortement aujourd'hui que, notamment grâce au numérique, les espaces dévolus à la médiation s'étendent, au-delà des lieux géographiques eux-mêmes.