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Il y a presque deux cents arts apparaissait en Bretagne un nouveau modèle scolaire, l'enseignement mutuel. Né en Angleterre dans le sillage de la révolution industrielle, du besoin à la fois de protéger les enfants du vagabondage et du désir de leur donner une première instruction, il séduit les philanthropes et les libéraux français qui veulent régénérer mais aussi contrôler le peuple. L'enseignement mutuel s'apparente alors, à l'instar de la vaccine ou de la pomme de terre, aux bienfaits promis aux pauvres que ce début de siècle annonce.
Cette instruction se veut économique. On cherchera alors à rassembler un maximum d'élèves dans un même lieu, jusqu'à plusieurs centaines. A la tête de cette école nombreuse, un seul maître sera nécessaire, des moniteurs pris parmi les enfants y seront les véritables instructeurs. Le matériel sera peu onéreux. Des ardoises, des crayons et des tableaux suffiront. Cette instruction se veut également rapide et efficace.
On établira donc un programme d'enseignement précis pour chacune des huit classes de lecture, d'écriture et d'arithmétique, celles-ci étant organisées selon une gradation progressive de la difficulté. Les techniques seront celles de l'imprégnation et de la mémorisation. Pour susciter l'émulation parmi les élèves, ceux-ci seront rangés, sur leurs bancs, en fonction de leurs succès. Ils récolteront par ailleurs bons points, médailles et récompenses diverses.
Le système est bien pensé et a de quoi séduire mais comment est-il accueilli par la population bretonne qui a peu éprouvé le besoin de s'instruire jusque-là ? Plus particulièrement, quel est le rôle des élites dans cette entreprise ? Quel est celui du clergé dont on connaît l'influence prépondérante, surtout en ce qui concerne la formation des esprits ? En outre, comptent les maîtres choisis pour les nouvelles écoles vont-ils vivre cette aventure inédite ? En sortiront-ils grandis professionnellement et socialement ? Enfin, quelle est l'efficacité réelle de la nouvelle méthode ?