Indubitablement, Jean-Philippe Blondel est passionné par son métier et les liens qu’il tisse avec ses collègues et ses élèves. Ce qui fait de ce livre un roman qui n’est pas vindicatif ou cynique et dont le propos n’est pas la remise en cause du système éducatif, même si un court passage croque ironiquement le jeu des réformes et des grèves.
Il aime ce monde, ces élèves qui le font pourtant tourner en bourrique, tous différents mais pourtant si semblables d’une année sur l’autre. Le temps passe, inexorable, les rétroprojecteurs deviennent des vidéoprojecteurs pour passer
des présentations Powerpoint, la cassette audio est remplacée par le CD puis par le MP3, et c’est le professeur qui est figé dans le temps perpétuel des 17 ans.
Au final, il n’est pas si éloigné d’eux : il rêvasse lorsque ses élèves sont en interro, il regarde par la fenêtre, fait son cours en pilotage automatique, sans trop réfléchir à ce qu’il dit, ne reprend pas une séquence qui commence à l’énerver (ras le bol d’entendre Sunday Bloody Sunday) parce que ce serait trop fatiguant de tout refaire. Il se remet en question, prend du recul sur lui et sa façon d’enseigner (chose que ne faisait pas Begaudeau dans « Entre les murs » et qui m’avait profondément agacée).
L’attachement au lieu aussi : la salle bien sûr, qui donne son nom au roman, mais également le lycée lui-même, avec la salle des profs, la machine à café, le bureau du proviseur. On y entre ne pensant qu’y passer quelques semaines tout au plus et on se réveille 20 ans plus tard, toujours au même endroit.
Tout le roman se construit donc sur un jeu entre le « je » et le « on » : je, en tant qu’adulte et enseignant ; on, en tant qu’ensemble qui réfléchit sur un sujet, qui est embarqué pour un an dans la même aventure humaine ; je, avec des souvenirs d’instant précis, et on avec des souvenirs récurrents, tous les ans, les mêmes exercices, les mêmes voyages scolaires…
Ce qui m’a le plus touchée ici, c’est cette description du moment où l’élève comprend, où il perçoit ce que l’enseignant essaie de lui communiquer, de lui faire toucher du doigt, et où un réel échange se concrétise. C’est ce qui me manque peut être le plus dans ce métier que j’ai quitté : cette étincelle de compréhension entre deux consciences, fugitive, rare mais si intense. Pour le reste, il s’agit là d’un témoignage du vécu d’un professeur, écrit tout en douceur et tendresse, sans œillères mais avec un réel amour du métier, et il en faut pour continuer !
http://nourrituresentoutgenre.blogspot.fr/2011/06/g229-jean-philippe-blondel.html
G229
Avec sincérité, humour et pudeur, Jean-Philippe Blondel nous offre sa vision de l'enseignement. Un lieu d'échange, de partage, de convivialité et d'apprentissage. Un lieu de construction aussi pour les futurs adultes qui les peuplent comme pour ceux qui en resteront à jamais les piliers.
Une vision intéressante, qui aborde de nombreux aspects de cette profession (les voyages linguistiques, les rapports professionnels, parents-professeurs)
Un univers fait de petits détails, de grands moments, de beaux échanges et de tendres souvenirs. Une belle réflexion pour une jolie lecture...
http://art-enciel.over-blog.com/g229-de-jean-philippe-blondel