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Les politiciens étaient venus de la capitale pour diffuser des
paroles malveillantes, et les premiers miliciens étaient apparus
sur la colline. Le régime en place avait décidé l'extermination
de la minorité. Il jugeait cette "mauvaise ethnie" acquise à la
rébellion armée du Front patriotique. Décidé à garder le
pouvoir coûte que coûte, il avait su convaincre la population
que l'éradication de ces "ennemis de l'intérieur" était une
nécessité.
Entre huit cent mille et un million de personnes
avaient péri en trois mois. Sur sa colline, elle était la seule
survivante du génocide, la seule à conserver le souvenir des
siens. Sa famille, ses amis, son village : tout semblait à jamais
effacé. Les caméras de télévision étaient pourtant venues, mais
trop tard, après les massacres. Les journalistes cherchaient-ils
à témoigner du drame ou juste à saluer l'abnégation des soldats
du "seul pays de la communauté internationale à avoir tenté
quelque chose"? Cette histoire, c'est aussi l'histoire d'une
rescapée.