En cours de chargement...
Longtemps, pour l'opinion publique comme les sciences sociales et humaines, l'Occident moderne a été la matrice de l'individu. Nombre de travaux récents sur les aires dites "extra-occidentales" ont heureusement bousculé les oppositions simplistes : individualisme/holisme, modernité/tradition, Occident/Orient, entre autres. Dans cette veine, le présent essai interroge la période qui s'étend de 1887 - date de la parution du premier roman vietnamien du "je", L'Histoire de Lazaro Phien de Nguyen Trong Qian - aux années 1925-1945, marquées par trois autobiographies fondatrices.
Si dans Le Grand Rêve (1928) Tan Dà retrace son parcours singulier, de sa formation mandarinale à son accès au statut d'écrivain moderne tout en revendiquant l'empreinte de Zhuangzi et de son fameux rêve de papillon, jours d'enfance (1938) et Herbes folles (1944) sont, quant à eux, l'oeuvre de Nguyên Hông et de Tô Hoài, issus de l'école franco-indigène, lecteurs passionnés de Rousseau, Freud, Gide, Marx, Trotski, et futurs révolutionnaires.
Comment l'autobiographie, ce genre littéraire spécifique, s'est-elle inscrite dans une longue tradition vietnamienne de l'écriture de soi ? L'ouvrage explore ici la manière dont la littérature du moi s'est élaborée en tissant un lien direct avec un projet national indissociable de la modernisation et de la décolonisation.