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Alfred Hitchcock
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Daphné Du Maurier
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épouvante
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1938
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roman anglais
Ce roman est donc absolument troublant et déchirant, véritable traumatisme pour le lecteur, qui voudra lire à la suite de "Rebecca", tous les autres ouvrages de Daphné du Maurier ! Car il ne faut pas oublier qu'elle est l'auteure des "Oiseaux", aussi adapté à l'écran par Hitchcock en 1963, mais aussi de "Ma Cousine Rachel", sorti en 2017 au cinéma.
Nous nous retrouvons comme un lecteur invité à visiter ces lieux qui effraient, tout autant qu'ils fascinent. Après tout, qui n'a jamais rêvé de posséder une telle bâtisse, de passer ses vacances en ces lieux séculaires, reliques
d'un passé immortel, palpitant encore sous les pas des domestiques, le bruissement des étoffes, le tic-tac de l'horloge, la senteur du thé anglais ? Rebecca s'offre donc comme une invitation au voyage, à laquelle nous aspirons avec gaieté et ingénuité, tout comme notre personnage principal, cette jeune narratrice dont nous ignorons d'ailleurs le prénom ; sans nous rendre compte, si ce n'est que trop tard, que c'est bien l'enfer qui nous attend, derrière les grilles de cette riche propriété...
Un enfer amplement relayé par l'appel du large, les flots tempétueux et inquiétants de la mer, les roulements d'écume et les effluves d'eau salée. La mer incarne ainsi un puissant facteur dans ce roman, véhiculant mystères et angoisses, de la psychose même, car nous comprenons à notre lecture, que c'est ici que tout se joue, dans les abysses d'une mer imprévisible et près de laquelle nous nous refusons à approcher ; quoi que dévorés par la curiosité... Une mer sauvage qui emporte avec elle ses secrets et le silence des morts qui ne peuvent plus parler, mais qui sont pourtant bien présents, aussi palpables et envahissants, qu'un être humain sur ses deux jambes.
Nous avons donc bien affaire à un bonheur fragile comme du cristal et à un environnement apaisant, dans lequel nous aimerions - mourir - nous reposer à l'ombre des marronniers en fleurs. Mais cette accalmie n'a d'existence que pour mieux dissimuler le drame qui est en train de se jouer et dont nous sentons immédiatement la problématique. Quelque chose n'est pas normal à Manderley, quelque chose ne va pas. Tout y est trop parfait, trop utopique, trop bucolique et il ne peut se cacher sous ces apparences de maison de campagne idyllique, que la fièvre du sang, que l'oeuvre d'un démon, que la honte d'un péché, rien que le meurtre, ni plus, ni moins, barbare et presque injuste, finalement...
La fin de Rebecca, quant à elle, se révèle être un véritable choc pour le lecteur, qui en ressort bouleversé ! "J'ai rêvé l'autre nuit que je retournais à Manderley." La boucle est enfin bouclée et la révélation surprenante, suffocante, car elle nous est révélée de manière très succincte, comme si de rien n'était, comme si l'information concernant l'incendie de Manderley n'avait aucune importance ! Celle qui horrifie pourtant un lecteur qui comprend trop tard - tout comme Maxim et sa femme - l'implosion de cette paisible vie d'époux...
À la fin de l'ouvrage - mais c'est le cas depuis le début -, la grande demeure anglaise n'est alors plus qu'un brasier. le mariage, aussi bien que le bonheur conjugal déjà fébrile, disparaissent dans les cendres, l'épais nuage de fumée et le crépitement des flammes dévorants tout sur leur passage. le lecteur devra alors relire plusieurs fois les dernières lignes du roman, ne pouvant concevoir que ce chef-d'oeuvre de l'écriture psychologique, à l'instar d'une claustrale pièce de théâtre minimaliste, puisse s'achever de la sorte ! Mais c'est bien un drame à la poigne d'acier que nous venons de lire, la poigne de Mrs Danvers et celle de Favell, serrant la gorge de notre innocente narratrice ; pantin dont les ficelles sont depuis le début tirées par le fantôme de Rebecca...
Daphné du Maurier
« J’ai rêvé la nuit dernière que je retournais à Manderley. »
Le roman s’ouvre sur cette phrase prémonitoire : vous rêverez vous aussi du manoir de Manderley, vous penserez à Rebecca de Winter, à sa présence inquiétante. 'Rebecca', roman le plus célèbre de Daphné du Maurier, est un roman (presque un thriller) génial à l’atmosphère qui vous marque longuement. Un classique à (re)lire absolument dans une excellente traduction.