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A la fin des années cinquante, les grands chantiers du socialisme incarnent pour Volker Braun, comme pour bien des hommes de sa génération, la vision d'une société qui ouvre l'avenir : en retournant des tonnes de terre pour extraire la lignite, c'est le monde qu'on est en train de faire changer de base. En quelques dizaines de pages, Phrase sans fond, paru en 1988, retrace l'histoire de la production d'un Etat en même temps que l'histoire du déblaiement d'un espoir.
Mais le désastre écologique, s'il est la métaphore d'une débâcle politique, est aussi la vision prémonitoire du suicide qui guette toutes les sociétés industrielles, si elles poursuivent leur pillage de la planète. Le récit entreprend une fouille dans le passé qui dégage, couche par couche, le tumulus des apparences et des slogans. La phrase, haletante, dans son délire et ses cassures, pénètre dans d'inquiétantes strates.
Une poétique de l'archéologie. ALAIN LANCE (Extrait de la postface)