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Placés symboliquement à l'écart de l'espace public, rendus invisibles par leur extraterritorialité vis-à-vis des champs politiques nationaux, les membres du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne n'en sont pas moins aux avant-postes d'une véritable entreprise politique et économique.
Au nom de la stabilité interne et externe de la
monnaie, ils sont les garants tatillons de la " modération salariale ", attentifs aux moindres
signes de " dérapage inflationniste " venus du
monde du travail.
Si le plein-emploi ne fait pas partie de leur mission constitutionnelle, ils ne sont pourtant pas indifférents à la situation des salariés : la BCE anime aujourd'hui, sous le nom de " réforme structurelle ", une entreprise de précarisation généralisée susceptible, selon elle, de rétablir un fonctionnement correct du marché du travail. Obsédée par les effets " désincitatifs " de la fiscalité sur l'emploi, la BCE prône, plus largement,
l'abandon rapide de l'État social au profit d'une
adaptation aux lois de la mondialisation financière.
Cet ouvrage, qui s'appuie sur une sociologie des
acteurs de la politique monétaire, propose de placer la BCE au centre des enjeux des politiques néo-libérales et de leurs alternatives en Europe.