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On nomme traditionnellement "romans grecs" quelques récits d'amour et d'aventures composés aux premiers siècles de notre ère, et dont le statut générique n'était guère défini. Synthèse d'une culture, tous les genres préexistants, des plus nobles aux plus populaires, de l'épopée à la "comédie nouvelle" , venaient y converger : littérature au second degré, et parfois au troisième, puisque le nouveau genre ne tarde pas à se pasticher lui-même.
Aujourd'hui méconnus ou mythiques, ces textes furent abondamment lus, traduits et imités à l'âge classique : à Port Royal, le jeune Racine apprenait par coeur, en cachette, Théagène et Chariclée, dont le vieux Cervantès, ironiste attendri, avait déjà produit une sorte de "remake" intitulé Les Travaux de Persilès et Sigismonde. C'est que le roman grec avait à la fois inventé, ou réuni, ces deux traits typiques du genre : la thématique de l'amour-passion contrarié jusqu'au gratifiant happy end, et la complexité des stratégies narratives : retours en arrière, enchevêtrement des voix et des points de vue, récits dans le récit.
On a successivement attribué au genre romanesque les dates de naissance les plus diverses, mais - on s'en convaincra en lisant ce livre - sa véritable origine est ici.