Le très beau titre de ce récit fait référence au besoin irrépressible qu'a parfois Andrea d'étreindre certaines personnes qu'il rencontre, et pour l'école, ses parents ont fait des maillots sur lesquels on peut lire : « n'aie pas peur si je t'enlace ». Andrea est « traversé » par le monde, il « n'a pas de défense, il n'a aucune barrière, il absorbe tout comme une éponge et il suffit de le regarder pour comprendre qu'il a un rapport différent, bien à lui, avec la réalité ».
Franco, son père, est sans cesse en alerte, il s'interroge beaucoup sur les origines de l'autisme
qui frappe son fils, un mal psychologique ou génétique ? « Une faute sans intention de la commettre ».
Les deux décident ensemble de partir faire un voyage depuis Miami jusqu'à Los Angeles à moto, « deux voyageurs intrépides » comme l'écrit lui-même Andrea par l'intermédiaire d'un ordinateur portable. Son père parle, dans le chapitre qui ouvre le récit, du « voyage » qui a commencé bien avant, au moment où Andrea a été diagnostiqué comme autiste, du bouleversement que cela a engendré dans leur vie.
Andrea « est barré, mais pas hors du monde : il arrive d'un ailleurs où prévalent d'autres codes, d'autres signes, d'autres beautés qu'il transfère parfois jusqu'ici, quand il le veut et quand il le peut », Franco est « un médiateur entre deux mondes » ; il leur voyage donne lieu à de belles rencontres, même si elles débutent souvent par de l'incompréhension. Après un périple de plus de 9000 km, ils s'envolent pour le Mexique, et voyagent en Amérique centrale jusqu'au Brésil. Ils quittent l'Amérique du Nord en ayant vécus de nombreux adieux, à chaque arrêt « d'une journée, le laps de temps nécessaire pour tisser un petit cordon ombilical, ressentir des émotions, faire provision de souvenirs », avec parfois « seulement la sensation de s'être assis au bord d'un gouffre de mélancolie ».
Mais ce que l'on retient c'est l'amour inconditionnel d'un père pour son fils, et la beauté de leur relation, de leur complicité attentive de tous les instants, ce constat déchirant d'un père qui pense que son fils souffre et qu'il ne pourrait être véritablement heureux que s'il parvenais à « le libérer de cette prison qui l'enferme », il évoque aussi avec beaucoup d'émotion le sort qui attend les autistes après la disparition de leurs parents.
Fulvio Ervas écrit des romans noirs, c'est une entrevue avec Franco et Andrea qui lui donne l'envie de raconter leur histoire, il va les rencontrer pendant un an chaque semaine afin de concevoir le livre qui a connu un grand succès en Italie. « Écrire, même seulement quelques lignes, peut demander une énergie phénoménale. Une énergie gâchée, si ces lignes ne résonnent jamais dans l'esprit de quelqu'un ».
Je ne reconnais plus personne en Harley Davidson !
S'il y a bien un livre à emporter dans sa valise cet été, c'est celui-là ! Fulvio Ervas a recueilli l'incroyable récit de la traversée de l'Amérique par Franco Antonello et son fils Andrea, jeune autiste de dix-huit ans. "Papa beau", ce sont les mots d'Andy. Tout est beau pour lui si l'on prête attention aux rares paroles qui s'échappent de sa bouche. Et pourtant, à la lecture des messages qu'il laisse à ses parents, on prend la mesure de l'angoissante prison mentale dans laquelle il se débat pour exister. Dans quel univers évolue Andrea ? Quelles sensations perçoit-il de notre monde ? C'est à un double voyage que nous convie l'auteur : la découverte d'un continent mythique à travers le prisme sensoriel d'Andrea et l'exploration intime du lien puissant qui attache un père à son fils malgré la différence. Un récit d'une tendresse absolue auquel s'ajoutent le cocasse de certaines situations improbables et la magie des rencontres portées par la grâce fragile d'Andrea. Des moments hors du temps, comme suspendus ...