En février 1873, deux hommes venant de l'ouest des Etats-Unis se rendaient dans l'Etat de New York rencontrer les dirigeants de la firme Remington. Ils portaient une curieuse petite boîte renfermant une série de touches de porcelaine, sur lesquelles figuraient les lettres de l'alphabet... Ainsi commencent la saga de la machine à écrire et sa conquête des continents. Un siècle plus tard, en 1982, le magazine américain Time élisait, comme à l'accoutumée, son " homme de l'année " ; pour la première fois, l'homme célébré fut... une machine : le computer, le micro-ordinateur, car nul ne symbolisait mieux que lui la compétitivité, la productivité et le progrès. Bonjour le micro, exit la machine à écrire ? Et si la machine à puces, cette machine communicante résolument moderne, se révélait " branchée " sur le passé, chargée de mémoire, celle que laisse, parmi humains et non-humains, l'objet industriel ? Un objet que dactylos et secrétaires, mécaniciens et designers, reporters, écrivains et autres détectives ont inscrit dans l'histoire des femmes et des relations entre les sexes comme dans celle du travail et des entreprises, du savoir-faire et des métiers, de l'écriture et de l'imaginaire social. Aujourd'hui, l'objet machine à écrire semble avoir éclaté : entre le clavier et l'imprimante, on garde en mémoire. Machines à écrire, machines z'a écrire : des objets en mouvement.