En 1948, ils ne sont plus que vingt religieux assomptionnistes à exercer leur apostolat en Bulgarie, après que l'effroyable régime communiste local a expulsé tous les étrangers. Tout est prêt, dès lors, pour la persécution d'une minorité catholique minuscule et néanmoins érigée au rang d'ennemi public n° 1. Père Kamen, père Josaphat, père Pavel... Trois noms seulement, pour leur communauté même. Que savait-elle de leur arrestation, de leur martyre, de leur procès atroce ? Et qui pouvait soupçonner qu'ils avaient été exécutés, le 11 novembre 1952, au motif qu'ils étaient " espions, comploteurs, et voulant préparer une guerre impérialiste contre l'URSS, la Bulgarie et les démocraties populaires "... à eux trois ? Pourtant, grâce à la mémoire de quelques-uns, cinquante ans après qu'ils furent fusillés, les trois pères sont déclarés martyrs de la foi et béatifiés par le pape Jean-Paul II. Au terme d'une longue enquête et de ce qu'il faut bien appeler un nouveau procès. Moins encore que lors du premier, ils n'étaient là pour se défendre. Se défendre d'avoir péché contre leur foi, se défendre même d'être peut-être encore vivants... Les rideaux rouges de Sofia relate cette quête minutieuse et haletante, au cours de laquelle Bernard Holzer, postulateur, remonte le temps, fait parler le silence, croise les souvenirs, cherche les preuves, dans une Bulgarie libérée politiquement mais figée dans les vieux réflexes.