Depuis le début des années soixante-dix marquées par le lancement des premiers satellites d'observation de la terre et par l'apparition des premiers outils de cartographie numérique, les acteurs de l'information géographique évoluent dans un environnement soumis à des changements rapides, constants et durables.
Les évolutions techniques comme le développement de l'Internet ou de la téléphonie mobile, mais aussi les évolutions institutionnelles comme le transfert de responsabilités aux collectivités locales ou le marché unique modifient non seulement la façon de produire, mais aussi celle de diffuser et d'utiliser. La possibilité offerte par la numérisation d'adapter la représentation de l'information à chaque besoin particulier, de l'enrichir par des thématiques particulières - informations sur la population, sur le milieu naturel, sur la qualité de l'eau ou de l'air -, de combiner des informations de différentes sources dans une base de données unique, d'y associer des modèles d'analyse ou de prévision révèle chaque jour de nouveaux usages et multiplie les utilisateurs. Elle transforme la nature des relations entre acteurs et, finalement, elle change fondamentalement les enjeux.
Parce que l'information sur le territoire est un enjeu de souveraineté, que le partage d'une infrastructure informationnelle commune est une condition du travail coopératif entre services de l'Etat et collectivités locales et que, en l'absence d'une intervention publique, elle ne serait disponible que sur les zones les plus financièrement rentables, l'intervention de la puissance publique est plus que jamais nécessaire.
Mais la nature de cette intervention change. Alors que jadis la carte visait à couvrir par un document unique la diversité des utilisations, la flexibilité et les possibilités d'enrichissement ouvertes par la numérisation conduisent, au contraire, chaque usager à rechercher l'information la plus exactement adaptée à ses besoins. Les utilisateurs attendent, aujourd'hui, de l'Etat la fourniture d'un noyau cohérent à grande échelle décrivant objectivement le territoire, mis à jour en permanence qu'ils peuvent enrichir de l'information utile à leur activité.
Le présent rapport vise, dans cette perspective, à redéfinir les missions de l'institut géographique national et l'organisation du secteur publie contribuant à la constitution de cette infrastructure, afin d'assurer la satisfaction de ces besoins ainsi que le développement de l'ensemble des acteurs tant publics que privés.